A l'origine, ces logements ont été inscrits dans le cadre d'une décision d'octroi au profit de l'EPE, dissoute en 1983. Abandonnés à l'état de carcasse en béton depuis 1998 après la dissolution de l'entreprise EPE-EBTP-Tiaret, les 30 logements situés à l'arrière du boulevard Rahla Tayeb (en face du siège de Sonelgaz) viennent d'être illégalement occupés par des familles entières qui n'ont pas pu obtenir de logements. Une occupation des lieux qui intervient quelques jours après l'affichage d'une liste de 512 bénéficiaires de logements sociaux. Désappointés, les squatteurs ont été jusqu'à ériger des cloisons sur les dalles, procéder, pour certains, à des rétrocessions électriques alors qu'il n'y a ni réseau d'AEP, ni celui de l'assainissement, encore moins de gaz. A l'origine, ces logements ont été inscrits dans le cadre d'une décision d'octroi au profit de l'EPE, dissoute en 1983, et en 1985, de deux lots de logements. Un premier quota de 10, puis un second de 20 logements financés grâce à un crédit de la CNEP/Banque. La dette publique a été, entre-temps, absorbée par le Trésor public. Le dossier de liquidation des actifs des biens de cette entreprise dissoute, entre les mains du commissaire liquidateur maître Bouziane, n'a pu connaître pour autant de dénouement, du fait d'une controverse entre ce dernier et la direction des Domaines. Maître Bouziane, que nous avons rencontré dans son bureau, explique les lenteurs par « le refus des Domaines de procéder au transfert de ces biens conformément aux textes d'application induits par la loi de finances complémentaire 2006 ». Notre interlocuteur fait savoir que « des actions en justice ont été entreprises contre les cinq premiers occupants, des ex-travailleurs recasés provisoirement avant la dissolution, du fait de la situation sécuritaire de l'époque, tout autant que les autres », arguant d'une occupation illégale des lieux. Maître Bouziane avoue avoir « établi une liste nominative de ces squatteurs, dont il ressort les biens acquis précédemment à l'intention des Domaines ». Cette dernière, par la voix de son directeur, M. Bouguenaya Abdelkader, réfute les allégations de maître Bouziane et explique que « ces biens ne pourront être récupérés que s'ils sont inoccupés et juridiquement expurgés de toutes contraintes ou poursuites ». Ces biens, renchérit notre interlocuteur, sont destinés à l'investissement selon l'esprit du décret exécutif 09/153 et dit « s'étonner que toute cette agitation survienne au lendemain de la note 4042 du 24 Août 2008 émise par la direction centrale des Domaines qui interdit toute concession aux liquidateurs sur les actifs des biens des EPE dissoutes ». Nouveau rebondissement Le directeur des Domaines ajoute « avoir avancé des propositions pour une éventuelle reconversion de ces biens immobiliers et leur remise à la DLEP pour être revendus dans le cadre du logement social locatif » et dit « ne pas comprendre ce squat massif » qui reste le fait de négligence de la part du liquidateur. S'il y avait gardiennage, les logements n'auraient pas connu ce sort. Les personnes installées par effraction dans ces logements restent persuadées qu'« elles n'ont fait qu'occuper un lieu désaffecté, voué depuis des lustres à la décrépitude » et que « en tant que pères et mères de famille étions en droit de les approprier ». Entre-temps, la police a fourré son nez et des auditions ont commencé. L'affaire, qui a pris dès lors, à la faveur de ce squat massif, un nouveau rebondissement, vient à point nommé pour illustrer la gabegie dont ont fait preuve certains responsables. Des rumeurs font état, d'ailleurs, de dizaines de logements fictifs que n'ont pas réalisés d'ex-responsables, à l'heure où le parc logement, comme partout ailleurs, a connu un boom. A quand une enquête sérieuse sur les logements à Tiaret ?