La police nationale devrait mettre en place très prochainement un fichier génétique (ADN) national pour identifier les criminels et les neutraliser. C'est du moins l'ambition à court terme de la Direction générale de la sûreté nationale, qui sera épaulée dans cette opération par Interpol. Selon le directeur de la police judiciaire de la DGSN, M. Abdelaziz Afani, les services de recherche de la police nationale auront bientôt un fichier automatisé de profils génétiques ADN, qui puisse répondre aux standards recommandés par les experts de l'OIPC-Intrepol. Le patron de la police judiciaire algérienne a précisé, lors d'un atelier régional pour les pays de l'Afrique du Nord-Ouest, dédié à l'empreinte génétique ADN, que ce projet de mise en place d'un fichier génétique «répondra à plusieurs objectifs, dont le renforcement des capacités d'expertises, notamment en matière d'établissement des rapprochements entre scènes de crime». «L'identification avec efficience des auteurs de crimes et délits, des victimes de catastrophes majeures et des personnes inconnues ou disparues, ainsi que le renforcement de la coopération internationale, par l'échange d'informations concernant les profils génétiques ADN, par le biais du BCN-Interpol Algérie et la base de données relative aux profils ADN de l'OIPC-Interpol, sont également des objectifs attendus de ce projet», a précisé M. Afani. Il a dans ce sens rappelé que le laboratoire spécialisé d'analyse ADN de la DGSN, opérationnel depuis juillet 2004, a expertisé quelque 3.500 affaires représentant 5.000 profils ADN, émanant des différents services de sécurité et de justice. Cela a permis, a-t-il souligné, «d'élucider 80% de cas se rapportant à la criminalité violente et ordinaire, au terrorisme, à l'identification des victimes de catastrophes et la détermination des liens de filiation, dans le cadre pénal et civil». Un tel projet de création d'un fichier de profil génétique sera de nature à améliorer sensiblement les méthodes de travail de la police nationale, estime-t-on dans l'entourage de la DGSN. Comparativement à ce qui se fait ailleurs en matière de modernisation des méthodes d'investigation dans le domaine de la criminologie, il est patent que la police nationale a beaucoup de chemin à faire pour se mettre à niveau avec les standards internationaux imposés par l'OIPC-Interpol. C'est dans cette perspective que s'est ouvert, par ailleurs, hier mardi à Alger le premier atelier de travail d'Interpol pour les pays de l'Afrique du Nord-Ouest, avec comme thème l'empreinte génétique ADN. M.Afani a affirmé à l'ouverture des travaux que «cet atelier constitue une étape importante dans la mise en oeuvre d'un mode de coopération technique et scientifique, visant à renforcer et redynamiser l'échange entre les pays de cette région sous l'égide d'Interpol». Cet atelier vise également à «recenser les domaines d'intérêt commun et de trouver des solutions aux problèmes rencontrés, selon une stratégie commune et efficace, en terme d'utilisation de l'analyse d'ADN, dans le cadre de l'identification humaine», a-t-il dit devant des experts. Face à la criminalité transnationale, «le devoir nous interpelle à oeuvrer ensemble dans le souci de développer la police scientifique et technique notamment, en ce qui concerne la mise en place des technologies modernes telles que le profilage ADN», a-t-il estimé. Selon le directeur de la police judiciaire nationale, «le profilage ADN constitue un outil puissant et un élément pertinent de preuves criminalistiques, et permet d'accroître l'efficacité et l'efficience dans la lutte contre les différentes formes de criminalité». Les services de sécurité algériens (DGSN et GN) disposent de deux laboratoires scientifiques travaillant sur des tests ADN. L'un est situé à Châteauneuf (El Biar) pour la police nationale, l'autre à Chéraga (laboratoire national d'études criminologiques) pour la gendarmerie nationale. Les deux structures ont déjà conclu beaucoup d'affaires grâce aux tests ADN, notamment dans l'identification de terroristes, de criminels, supposés ou réels. En fait, les tests ADN ont été introduits dans les services de sécurité lorsque le problème des disparus ou des enterrés sous X s'est posé avec acuité. Il reste que les services de sécurité maîtrisent aujourd'hui certaines techniques de recherches à base de tests ADN.