La Police judiciaire s'attelle à mettre en place un fichier d'empreinte génétique et projette de concrétiser d'autres projets liés à l'établissement de la preuve scientifique telle qu'une base de données de la composition chimique, des fibres textiles, la différenciation des poils d'animaux et la diversité végétale. Cette annonce a été faite, hier, par le sous- directeur de la Police scientifique et technique, M. Ali Ferague en marge de la première journée tenue à l'Ecole nationale de police criminelle de Saoula, des utilisateurs des sciences criminalistiques, dans le domaine des nouvelles techniques d'identification génétique et toxicologique médico-légale, co-organisée par la Sûreté nationale et la firme AB Applied Biosystems de France représentée en Algérie par HTDS. Spécialisée en biosécurité, contrôle qualité et sécurité alimentaire et identification humaine, HTDS équipera le laboratoire scientifique algérien des dernières nouveautés en matière d'automatisation, de gestion, d'analyse et d'interprétation des empreintes génétiques humaines et toxicologie médico-légale, apportera assistance technique et assurera la formation. Cette banque de données, génétiques sera alimentée y compris par les profils de la population carcérale. La même firme française a eu à installer pour le compte du laboratoire scientifique de la DGSN au cours de cette année, un matériel de toxicologie médico-légal susceptible de détecter des engins explosifs, et de la drogue explique la représentante de HTDS. “Dans le souci de contribuer efficacement au processus global de lutte contre le criminalité sous toutes ses formes, la Direction de la Police judiciaire accorde une importance majeure à la valorisation de la ressource humaine et à l'acquisition des nouvelles technologies en matière criminalistique, d'appui à l'administration de la preuve pénale, notamment celles de l'identification génétique et toxicologie médico-légale, considérées comme ressource très précieuse pour le travail de police…”, soutient le sous-directeur de la Police scientifique dans son allocution d'ouverture. Il explique que la mise en place d'un fichier national de profil génétique, “le suivi des évolutions technologique en matière d'équipements scientifiques d'application criminalistique et de la formation continue, permet de répondre aux objectifs escomptés de la Sûreté nationale, tels que le renforcement des capacités d'expertises, l'identification avec efficacité et rapidité des auteurs de crimes et délits, des victimes des catastrophes majeures, et de la consolidation de la coopération scientifique au plan international, en matière d'enquête et d'entraide judiciaire”. L'installation d'un fichier national d'empreinte génétique est devenue urgente après la mise en œuvre de la charte d'Interpol relative aux règles d'application de bases de données génétiques et incitant à l'établissement de passerelles de coopération internationale dans le domaine. Invité à faire part de l'expérience française dans le domaine M. Michel Savard directeur du laboratoire scientifique de Lyon dira que son pays s'est doté d'un fichier d'empreinte génétique à partir de 2001. “La mise en œuvre de ce genre de projet est assez lourde et délicate et ne se fait pas sans quelques difficultés”, affirme-t-il d'emblée. Il ajoute que c'est un système complémentaire à la technique d'empreinte digitale. “En France nous avons résolu beaucoup d'affaires criminelles grâce à cette double approche. Nous avons fait 500 rapprochements en nous appuyant sur les données du fichier génétique. Ce qui aurait été impossible avec les méthodes traditionnelles. En ce moment, nous élargissons notre champ d'action en opérant des échanges entre pays européens et pays frontaliers”. Déjà avec l'installation en 2004 d'un laboratoire d'analyse ADN, la Police scientifique algérienne a pu élucider nombres d'affaires criminelles, liées au terrorisme ou causées par une catastrophe naturelle. À l'instar de l'identification des marins du naufrage du bateau Béchar, à partir des ossements repêchés au fond des eaux, celle des kamikazes du 11 avril, auteurs de l'attentat contre le Palais du gouvernement et le commissariat de Bab Ezzouar et celui du 11 décembre contre le Conseil constitutionnel et le siège de l'ONU, à partir des restes humains prélevés sur les lieux. Les statistiques de 2007 font état de 509 affaires d'homicides, de paternité, de traces de sang, cadavres, agressions sexuelles. Elucidées par la Police scientifique contre 367 en 2006. Il est à signaler, qu'en plus de la banque d'empreinte génétique, le laboratoire de la Police scientifique compte se doter prochainement de bases de données afférentes à la composition chimique, des fibres textiles, la différenciation des poils d'animaux et la diversité végétale. N. H.