Bien que l'Algérie ait été cette fois-ci mieux classée par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) en matière de développement humain, certains cadres de l'Etat et des « experts» algériens se sont dit pas tout à fait satisfaits de cette position. Si le représentant du PNUD à Alger, Mamadou Mbaye, pensait qu'il a apporté avec lui de bonnes nouvelles pour l'Algérie en annonçant qu'elle a été classée parmi les cinq premiers pays arabes en matière d'indices de développements humains (IDH), il s'est vite rendu compte que les autorités algériennes ne sont pas si satisfaites de ce classement. Au cours du débat qui a suivi la présentation du rapport sur le développement humain 2010, hier, à la résidence El Mithak, les ministres de la Prospective et des Statistiques, Abdelhamid Temmar et de la Santé, Djamel Ould Abbas, ont clairement remis en cause ce classement. «L'Algérie mérite d'être mieux classée», ont-ils souligné. Abdelhamid Temmar a ouvert le débat en regrettant de ne pas avoir le rapport entre les mains, alors qu'il est à la tête d'un organisme de prospectives et de statistiques. Il a remis en cause la méthodologie d'élaboration du rapport qui a dissocié entre IDH monétaires et non monétaires. Pour Temmar, le revenu influe considérablement sur les indices de développement humain. Et d'ajouter que ce classement est «scandaleux». Le ministre affirme: «Nous devrions être classés parmi les premiers pays du monde. Nous avons les meilleurs indicateurs macro-économiques et sociaux». Temmar enchaîne pour dire: «On est loin et même très loin de certains pays qui nous dépassent dans le classement en matière de scolarisation alors que la nôtre est complète, on a une université par wilaya, des bus scolaires, de l'eau dans chaque maison et non par région», a-t-il indiqué. Enfin, Abdelhamid Temmar a affirmé qu'il va se réunir avec les responsables du CNES pour réagir et remettre en cause ce classement. A son tour, Djamel Ould Abbas a cité les progrès réalisés, notamment dans le secteur de la Santé et la lutte contre la pauvreté en Algérie. Le représentant du PNUD, Mamadou Mbaye, surpris, intervient à la place de Jose Grégorio, du bureau du PNUD de New York, pour réclamer des informations, des statistiques exactes et fiables de la part des autorités algériennes. «Donnez-nous des informations, des données et des statistiques fiables et on vous classera dans la meilleure position», a-t-il déclaré avant d'ajouter: «Il y a deux ans, nous avons interpellé les autorités algériennes pour envoyer une équipe à New York pour discuter des indicateurs de développement humain, la demande est toujours de vigueur». «Si les données et les statistiques étaient disponibles, le classement de l'Algérie serait certainement meilleur», a-t-il conclu. Le président du CNES Mohamed Seghir Babes a déclaré, pour sa part, qu'il faut plus de coopération avec le PNUD, tout en demandant aux différentes institutions, notamment ceux qui détiennent les données et les statistiques, d'alimenter convenablement et à temps les rapports du PNUD afin d'arriver à un meilleur classement dans les années à venir.