La réunion, aujourd'hui, du G 20 à Séoul est loin de susciter la vague d'espoir qui avait suivi la création de cette instance au plus fort de la crise financière mondiale de 2007-2008. L'élargissement du G 7 aux pays émergents avait laissé espérer que les voix des démunis et des laissés-pour-compte allaient enfin être entendues. Il n'en a rien été. Le G 20, sorte d'assemblée censitaire, est divisé en deux collèges, celui des puissances économiques et militaires et celui regroupant les pays chargés de cautionner les options et l'ordre du jour fixés au-dessus de leurs têtes. Le G 7 a eu besoin des pays émergents pour faire face à la crise. Celle-ci ne présentant plus de caractère aigu, les nouveaux venus ont été remis à leurs places de suppléants. Certes, il y a bien eu quelques gesticulations de la part du noyau dur de cette auguste réunion. Les porte-parole du G 7 ont laissé entendre qu'une certaine dose de régulation internationale des marchés financiers pouvait être envisagée. Le gros de la crise passé, on attend toujours des propositions concrètes... L'adage selon lequel les promesses n'engagent que ceux qui y croient est ainsi confirmé. Qu'attendre de Séoul dans un contexte où la faiblesse de la monnaie chinoise est pointée par les Occidentaux comme étant la source des déséquilibres globaux et où la relance monétaire américaine, payée par le reste du monde, exacerbe les tensions sur les marchés internationaux ? Le G 20, conseil d'administration planétaire élargi à quelques actionnaires minoritaires, ne tentera même pas de régler les problèmes entre ses membres, tous unis dans une même conception du monde fondée sur la primauté du marché au détriment de toute autre considération. La règle du jeu ultralibéral fixée par les multinationales consiste à faire payer les crises cycliques par les citoyens à qui la doxa des riches impose la flexibilisation du travail, le désinvestissement social, la dérégulation et le désarmement tarifaire. Le modèle global construit depuis vingt ans a certes permis un extraordinaire bond en avant du commerce international. Mais au prix de la destruction de nombreuses économies locales, de la précarisation croissante, de la famine de populations entières et du gaspillage incontrôlé de ressources non renouvelables. Dans la représentation du monde des mandataires des multinationales réunis à Séoul, la lutte contre la pauvreté et la priorité au développement des régions les plus pauvres ne figurent dans aucun agenda. Il ne s'agit pour ces milieux que de pures préoccupations caritatives. La réponse aux questions de survie et de meilleures conditions d'existence pour la majorité de l'humanité ne viendra pas de Séoul. Au contraire. La lenteur de la reprise économique, en particulier aux Etats-Unis, se conjugue avec la persistance d'un discours belliciste. Pour les ultralibéraux et autres néoconservateurs, théoriciens de l'hégémonie du marché, la guerre est le moyen de dépassement des crises. Cela fait partie de la règle du jeu libéral, où les dérives spéculatives sont dans l'ordre des choses et pour qui la globalisation de la pauvreté est la condition de l'enrichissement de la minorité de nantis qui contrôle le G 20. A Séoul, rien de nouveau.