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« Le G20 permettra un deal entre pays industrialisés et émergents » Arslan Chikhaoui. Pdg du cabinet de lobbying Nord Sud Ventures et expert en relations économiques internationales
Le sommet du G20 s'est ouvert aujourd'hui (hier, ndlr) à Pittsburgh aux Etats-Unis d'Amérique, peut-on s'attendre à des décisions importantes de nature à asseoir une régulation du système économique et financier mondiale ? Premièrement, le monde est entré dans une phase de reprise, mais cette reprise, faut-il le noter, intervient sans pour autant faire redémarrer la machine de la création d'emplois. Nous assistons à l'engagement de certains pays occidentaux, à l'instar des USA, de la France, de l'Allemagne et de la Grande-Bretagne, à responsabiliser les Etats en matière de contrôle et de régulation. La crise financière, qui est à l'origine de cet effondrement économique, est due, faut-il le reconnaître, à l'absence de contrôle et de régulation. Aujourd'hui, le sommet du G20, qui associe les pays émergents, va essentiellement porter sur les mécanismes de régulation de l'économie mondiale. En fait, ce sont les fondements et les contours de la globalisation qui sont en train de se mettre en place. Concernant cette nouvelle conception de la globalisation, celle-ci repose sur quatre piliers principaux. Il s'agit, entre autres, de la restructuration des institutions internationales de coordination et de régulation existantes, d'une régulation et une organisation nouvelles des échanges commerciaux en corrélation avec les nouveaux rapports de puissance, de la refonte des principes de l'économie de marché, du renforcement du dollar américain et la politique de sécurité énergétique et énergies renouvelables. Le sommet du G20 pourrait donc s'avérer important selon vous ? Effectivement, la réunion du G20 est importante parce qu'elle va tenter d'aboutir à un consensus sur les questions de régulation de l'économie mondiale. Cette réunion va permettre de passer à un nouveau deal entre pays industrialisés et pays émergents pour le développement de l'économie et le recouvrement de la croissance espérée pour l'année 2010. Nous passons, actuellement, de la phase de sortie de crise à la préparation de l'environnement pour garantir la stabilité de la reprise. Ceci se fait de manière progressive et les principaux aspects sont perçus à travers les différentes formes de soutien à l'économie mondiale. Certains pays influents comme la Russie et la Chine revendiquent de réformer carrément les institutions de Brettons Woods, en l'occurrence le FMI et la Banque mondiale, qu'en pensez-vous ? Effectivement, la question relative à la restructuration des institutions monétaires internationales est posée, car c'est une crise qui est institutionnelle avant tout. Il s'agit de la reformulation de certaines bases sur lesquelles s'appuyaient le monde jusque-là du fait que la crise a été à l'origine une véritable crise structurelle. Le principal aspect de restructuration est la détermination d'un sens plus clair au concept de la régulation et la mise en place de nouveaux instruments qui touchent les instances et les institutions mondiales importantes. Il s'agit d'un système des Nations unies qui passe par une réorganisation de ses différentes structures et prérogatives, et une révision des bases sur lesquelles le système mondial a été édifié après la Seconde Guerre mondiale. La restructuration toucherait également le système financier mondial, des institutions financières internationales (Banque mondiale et Fonds monétaire international) ainsi que d'autres institutions telles que l'Organisation mondiale du commerce. Il faut s'attendre à l'apparition de nouveaux instruments tels que le G20 qui va s'étendre pour inclure certains pays émergents et devenir G24. Il est attendu que l'Algérie en tant que pays émergent rejoigne ce groupe selon certains indicateurs dont le rapport du FMI qui a considéré que l'Algérie et le Nigeria sont des pays émergents et promoteurs du continent en plus de la participation de l'Algérie au G8 en sa qualité de représentant du NEPAD. Ceci nous laisse croire que l'Algérie peut adhérer au G20 dans sa nouvelle composition. Cependant, il existe certaines appréhensions liées au manque de visibilité pour l'économie algérienne. On peut s'attendre aussi à une restructuration de l'Alliance atlantique (OTAN) pour inclure le politique et surtout l'économique afin de garantir la sécurité des principes fondamentaux de l'économie de marché. Mais des divergences semblent éclater au grand jour entre Européens et Américains sur la limitation des bonus bancaires, mais surtout entre les Américains et certains autres pays influents, à l'instar de la Chine et la Russie, au sujet de la réforme du FMI et le statut de la monnaie américaine… Effectivement, ces divergences existent bel et bien. Pour ce qui est de la limitation des bonus bancaires proposée par l'Union européenne sous l'influence de la France, je crois que le pays de Nicolas Sarkozy risque de perdre à l'avenir les meilleurs de ses opérateurs des suites de cette mesure. Je crois que ce sont les places financières américaines et britanniques qui vont tirer profit car le régime anglo-saxon estime, lui, que cette mesure ne correspond pas aux mécanismes du libéralisme et suggère, néanmoins, un droit de regard rigoureux sur les banques. Je pense que les divergences vont se maintenir à cause des différences qui existent entre les régimes financiers des différents pays. Pour ce qui est de la monnaie américaine, je pense que le dollar américain va, pour les années à venir, être une monnaie normative et de mesure, et la principale monnaie pour les échanges. Les pays émergents du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord (MENA), particulièrement ceux qui disposent d'excédents financiers tels que l'Algérie, seront appelés à les investir dans le système financier mondial à travers l'utilisation de l'emprunt obligataire. Ceci a été, tout récemment, la principale demande du FMI.