La crise économique ne fait que commencer pour la plupart des pays occidentaux dont les économies sont entrées en récession, après avoir fait, comme l'Allemagne, moteur de l'économie européenne, au moins deux mois consécutifs de croissance négative. En France, Nicolas Sarkozy tente, vainement, par des prêts à des taux préférentiels d'inciter les grandes entreprises à éviter d'aller s'établir dans des marchés, autrement plus attractifs pour les capitaux étrangers. L'Espagne a totalisé un million de chômeurs en 12 mois, l'année 2008, un record historique dans le temps et dans l'espace, au point d'être boudée par les immigrés clandestins d'Amérique latine et d'Afrique. Depuis 2007, principal moteur de son économie, le secteur de la construction est brusquement tombé en panne. La crise menace le tourisme qui permet au pays des recettes en devises égales au montant de deux millions de barils de pétrole exportés quotidiennement par le Koweït. Les 11 milliards d'euros injectés dans les banques par le socialiste Jose Luis Zapatero n'ont pas empêché le taux de chômage de passer de 8 à 14% en ce laps de temps. Les raisons ? Les banques n´ont plus confiance, elles ne prêtent pas aux entreprises encore moins aux familles, comme convenu avec le gouvernement et continuent de soutenir des activités spéculatives. Même scénario aux Etats-Unis, berceau de la crise financière internationale où cinq ou six magnats de la finance internationale – semble-t-il à l'origine de la crise mondiale – continuent de faire fortune à coups de milliards de dollars, pendant que le secteur de l'automobile, à l'image de General Motors, négocie sa survie avec Barack Obama. Voilà, en partie, les préoccupations des pays riches qui ont assisté, jeudi dernier, au Sommet du G20. En face, les pays émergents ne veulent pas que les pays industrialisés leur passent la facture de la crise. La Chine, le Brésil, l'Afrique du Sud ou l´Inde font deux ou trois fois plus de croissance que le pays du G7 le plus performant et ne veulent pas être les victimes du système financier international. Déjà, les intérêts entre pays occidentaux sont divergents. Ils ne sont que plus évidents entre le Nord et le Sud. Quelles mesures faut-il prendre pour arrêter les effets de la crise et relancer la récupération économique mondiale ? Les Européens veulent aller très vite. Les Américains – non pas Obama – pas assez.. C'est dans ce climat de panique que vient d'être déterrée une vieille formule avancée par l'Algérie, en 1975, plaidée à la tribune des Nations unies, par feu Houari Boumediène au nom des pays non-alignés – les pays dits émergents aujourd´hui – et alors que Abdelaziz Bouteflika était son ministre des Affaires étrangères. L'objectif était, exactement, celui pour lequel vont plaider certains pays occidentaux, aujourd'hui, à Londres : l'émergence d'un nouvel ordre économique et financier international, plus juste. Il aura fallu attendre 34 après, maintenant que la crise économique frappe de plein fouet les économies riches pour que l'on prenne, subitement, conscience de l'importance d'une initiative dont l'Algérie a été pionnière. Les experts partisans de cette formule ne prennent même pas le souci d'en remanier la forme. La réforme du système financier international C´est cette formule qui a été ressortie, en priorité, tout au long de la préparation du Sommet du G20 de Londres. Les experts d'un pays comme l'Espagne, qui ne fait partie ni du groupe des pays émergents ni de celui du G8, mais qui est invitée par le Royaume-Uni pour être la huitième puissance économique mondiale et parce que le président Zapatero a de «bonnes idées à exposer», estiment que la solution à la crise mondiale passe par un nouvel ordre mondial. La facture, avertira le président espagnol, dans une déclaration idéologiquement dosée, à la veille de s'envoler à Londres, «ce n'est pas aux familles, ni aux entreprises, ni encore aux travailleurs de la payer, mais à ceux qui sont derrière les abus du système financier international». C´est loin d'être là une voix seule, amplifiée par les pays émergents d'ailleurs, ou isolée au sein des pays européens du G7. Ce qui est attendu des pays qui insistent le plus sur la réforme profonde du système financier international, c'est comme le demandera à Londres le Président du Gouvernement, «un effort de coordination pour que le Sommet du G20 puisse favoriser un retour à la récupération économique». La fin des paradis fiscaux Les pays de l'Union européenne, avec le soutien des pays émergents ont plaidé, concrètement, pour les objectifs suivants : La création d'un nouveau système financier transparent, sûr, efficace et fiable ; l'élimination des stimulants ayant provoqué les abus et les convoitises financières ; la mise hors-la-loi des paradis fiscaux ; la garantie d'accès aux sources de financements au profit des pays émergents et sous-développés. Le Sommet du G20 sortira-t-il donc avec des mesures susceptibles d'ouvrir la voie à un nouvel ordre international plus juste. Les observateurs politiques estiment que les 20 leaders du G20 auront eu «une grande occasion, à Londres, pour dépasser la crise économique mondiale et ouvrir une nouvelle ère d'espoir à l'humanité, pour peu que tous agissent de manière énergique et efficace, avec discipline et rapidité». D'autres plus pessimistes croient difficiles que le G 20 «accouche» de décisions «historiques». Aux réformes profondes voulues par certains leaders européens, les Etats-Unis opposent de simples retouchent fiscales pour pénaliser les spéculateurs. Les objectifs divergent donc. Le président Nicolas Sarkozy ne serait pas disposé à signer «un communiqué», si le G20 ne prenait pas les décisions attendues par la France. «La crise est tellement grave pour que nous puissions tenir un sommet pour rien», a-t-il dit à la presse. Pour le Premier ministre britannique Gordon Brown organisateur du sommet, il faut que le G20 sorte avec des mesures contre le système de compensation multimilliardaire pour les patrons du système financier. Son collègue luxembourgeois fait dans la surenchère, en invitant ses pairs de l'Union européenne à demander au président Obama d'inclure certains territoires américains sur la liste des paradis fiscaux. C'est peut-être trop demander au leader américain qui atterri à Londres, pour une série de rendez-vous diplomatiques en Europe où il sera la vedette.