Mohammed VI a cru tout permis à son pays dans l'affaire sahraouie, y compris la répression sanglante de la population civile sahraouie quand elle s'aventure à protester pacifiquement contre l'occupation marocaine et la condition sociale qui est la sienne sous cette occupation. L'on comprend alors que le Palais marocain panique aux réactions d'indignation et de condamnation qui s'expriment avec force à travers le monde après l'assaut meurtrier que les forces de sécurité du Makhzen, secondées par des colons organisés en milice, ont effectué contre le camp de Gdeim Izik, près d'El-Ayoun. Une panique et un désarroi que la propagande royale exprime en mettant l'indignation universelle qui met le Maroc au ban des accusés sur le compte d'un complot qui vise à ternir «la démocratie et la modernité» du Royaume. Mais cette propagande a beau essayer de cacher encore une fois «le soleil par un tamis», le massacre perpétré sur ordre du Roi par les forces armées et leurs supplétifs colons a irrémédiablement fait voler en éclats l'image d'un Trône et d'un Maroc respectueux des droits de l'homme, en butte à une conspiration acharnée à les déstabiliser et à porter atteinte à l'intégrité territoriale du Royaume. Le Roi et ses conseillers ont cette fois trop présumé de «l'empathie» que leur pays suscite au niveau officiel dans certaines capitales occidentales par ses largesses distribuées sans compter et sa compréhension active à tous leurs desseins géostratégiques et politiques. Même ces «capitales amies» ont, sous la pression de leurs opinions respectives, dû dénoncer le comportement marocain à l'égard de la population civile sahraouie au camp de Gdeim Izik et à El-Ayoun. Pire pour le Royaume, elles se sont abstenues de contrarier la saisine du Conseil de sécurité de l'ONU à l'initiative du Mexique sur le massacre intervenu au Sahara Occidental. Cette instance va donc examiner demain cette affaire. Ce sera une occasion où la démonstration sera faite que la colonisation et l'oppression qui sévissent au Sahara Occidental se perpétuent grâce à la connivence et à la permissivité dont bénéficient le Trône marocain et son Makhzen auprès des gouvernements de ces capitales. Il ne faut pas être naïf et croire que le Conseil de sécurité, dont les décisions reflètent fortement l'inspiration que leur impriment les représentants en son sein de ces capitales, va se mettre d'accord sur un texte de résolution condamnant sans appel le comportement sanguinaire du Makhzen, comme le font les sociétés civiles et les défenseurs des droits de l'homme à travers le monde. Néanmoins, plus rien ne sera comme avant pour le Trône et son Makhzen qui, à force d'avoir trop tiré la ficelle de la combine et de l'échappatoire dans l'affaire du Sahara Occidental, ont fini par indisposer même leurs protecteurs les moins regardants sur la répression exercée sur la population sahraouie. Il appartient aux amis du peuple sahraoui et de sa cause nationale de ne pas baisser la garde ou de se contenter de l'expression de simples «regrets» de la part des Nations unies, mais de multiplier la pression pour qu'elles s'engagent à mettre fin au plus vite à cette question qui relève du fait colonial.