«Le problème du citoyen est celui des taxieurs», a lancé un membre de cette corporation au cours de l'émission «Préoccupations» diffusée jeudi dernier en direct à la radio régionale de Constantine et consacrée au transport urbain. En abordant ce thème, très actuel et récurrent des difficultés rencontrées par les usagers pour se rendre à leur travail ou rejoindre simplement le centre de la ville où sont concentrées les administrations, l'animatrice de l'émission avait mis le doigt sur le sujet brûlant de l'heure, puisque le siège de la radio a été pris d'assaut tôt le matin, par des dizaines de taxieurs, qui demandaient à intervenir au micro pour, ont-ils dit, exposer leurs problèmes et répondre aux accusations quotidiennes dont ils sont l'objet. Pour des questions d'ordre et de commodités, un seul taxieur a été admis au studio pour participer aux débats en compagnie des représentants de l'APC, de l'APW et de deux syndicats des taxieurs (UGTA et UNACT). Les responsables de la sûreté ont, selon les explications de l'animatrice, déclaré n'avoir pas reçu d'invitation. Quant à la direction du transport, la même personne a souligné sans ambages que, depuis pratiquement une année, ses responsables n'ont jamais daigné répondre à une invitation de la radio. Toutefois et en dépit de l'absence des représentants de ces deux secteurs, cela a été une belle empoignade, qui n'a pas manqué d'attirer beaucoup d'auditeurs qui sont intervenus par téléphone. «Pourquoi dans tout le centre-ville, cria un auditeur, seuls les taxis sont interdits d'arrêt ? Ces derniers n'y vont plus et dans tout cela, c'est nous qui sommes les dindons de cette farce de mauvais goût, parce que nous payons les pots cassés !». Le taxieur présent sur le plateau le relaya pour expliquer «qu'avant de prendre le risque de prendre en charge un client pour le centre-ville, il se livre à des calculs stratégiques pour éviter de se faire prendre par les agents de la circulation dans le point de déchargement. Les agents n'attendent que cette occasion pour nous sauter dessus. Ils nous confisquent les papiers du véhicule, nous verbalisent et nous envoient devant le tribunal où, sans discernement, nous sommes présentés devant le juge aux côtés des voleurs et autres malfaiteurs». «L'encombrement est devenu le problème n° 1 de Constantine, leur répond le représentant de la municipalité qui a prôné l'ouverture de six ou huit parkings à étages au centre-ville et à la périphérie comme palliatif. Ainsi, selon son idée, les usagers venant de l'extérieur pourront y garer leurs véhicules pour se rendre au centre-ville à pied. Et à partir de là, des espaces seront libérés où l'on pourra aménager des stations pour les taxis». S'exprimant pour sa part au cours d'un entretien préenregistré, le directeur des travaux publics a évoqué les perspectives offertes par l'ouverture de l'autoroute Est-Ouest et prônant lui aussi la multiplication des parkings à étages ainsi que les voies de contournement de la ville, comme a-t-il expliqué, celle en projet qui contournera Constantine par le nord, allant directement de Ain-Smara à Hamma-Bouziane en passant par Ibn-Ziad. Un représentant du syndicat des taxieurs, après avoir dénoncé le silence observé par les autorités face aux nombreuses démarches faites à ce sujet et la multiplication des fraudeurs ainsi que les anomalies dans l'organisation de ce service, s'est élevé contre le paiement d'une taxe mensuelle de 3OO dinars par taxieur pour frais de stationnement, alors que celui-ci est interdit. Pourtant dit-il, la mairie nous prend indûment, chaque année, la somme de plus de 1 milliard 45O millions de centimes. C'est la seule municipalité du pays qui impose cette taxe de stationnement aux taxis. C'est absurde !», dit-il. A certains moments, le débat a débouché sur des affrontements verbaux et l'animatrice l'interrompit en promettant de revenir sur ce sujet dans une prochaine édition.