« Abreuvés» de promesses et d'actes de sympathie ainsi que par des hommages de la part des hautes autorités, les membres de l'association nationale des grands invalides de la guerre de libération nationale réclament, aujourd'hui, du concret. A travers une lettre ouverte adressée au président de la République, les représentants des 8.500 invalides de la guerre ont voulu attirer l'attention du président Bouteflika sur leur situation qu'ils qualifient de précaire. Lors d'une assemblée nationale regroupant les représentants des invalides de la guerre de libération, tenue hier à l'hôtel Dar Ediaf à Alger, les conférenciers ont lu le contenu de la lettre adressée au président de la République. Ils réclament, dans cette lettre, une prise en charge plus efficiente. Bien que ce problème ne devrait pas se poser vu, soutiennent les concernés, sa simplicité, malheureusement les invalides de la guerre continuent, et ce, depuis des années, à réclamer des prothèses plus performantes et modernes à la place des appareils orthopédiques très anciens (certains datent de 20 ans) dont ils disposent. Les rédacteurs de la lettre ont souligné qu'à l'ère des technologies et des innovations, certains invalides de la guerre de libération algérienne utilisent encore des prothèses en bois. Ils se disent en colère contre le fait que certaines catégories de la société vivent à l'aise sans se soucier du gaspillage, alors que les invalides qui ont sacrifié leur vie et qui ont enduré des souffrances durant plusieurs années en raison des graves mutilations subies durant la lutte de libération, réclament des prothèses adaptables à leur handicap. Pis, disent-ils, cette frange de la société qui a joué un grand rôle lors de la lutte de libération se trouve aujourd'hui marginalisée et en train de batailler pour avoir le droit à une prise en charge médicosociale. A l'ouverture des travaux le président de l'association, M. Mohamed Bouhafsi, a dénoncé «la marginalisation» des grands invalides qui ont «donné leur sang pour libérer le pays». La dernière augmentation de la pension, a-t-il ajouté, «ne suffit pas pour les besoins les plus simples». Pour sa part, le trésorier de l'association, M. Hay Abdennabi a affirmé que «près de 14 invalides décèdent chaque jour pour cause de maladies, d'absence de prise en charge dans les hôpitaux et les centres de prothèses», soulignant que beaucoup d'entre eux vivent avec des balles et des éclats d'obus dans leurs corps engendrant de nombreuses maladies». Tout en réitérant leur soutien au programme du président de la République, les invalides ont rappelé les propos du président Bouteflika prononcés à Tipaza en 2000. «Vous avez dit, Monsieur le Président, que les grands invalides de la lutte de libération sont un bouquet de héros de la lutte de libération dont il est nécessaire de prendre en charge». Et d'enchaîner «vous avez dit aussi, Monsieur le Président, que le pays qui ne s'occupe pas de ses invalides libérateurs est en réalité un pays qui ne donne pas de la valeur à sa liberté et à sa souveraineté».