Sahraouis et Marocains vont reprendre le processus de négociations informelles à Manhasset, dans la banlieue de New York, sous les auspices de l'ONU, a annoncé le porte-parole des Nations Unies, Martin Nesirky, selon lequel ce round débutera le 16 décembre prochain et durera trois jours. Les délégations sahraouie et marocaine se rencontreront sous l'égide de l'envoyé spécial de l'ONU dans la région, le diplomate américain Christopher Ross. Selon le porte-parole de l'ONU, qui en a fait l'annonce vendredi, les deux délégations «vont explorer des approches innovantes pour essayer de créer un meilleur environnement pour (permettre) un progrès». Cette reprise des négociations entre les Marocains et les Sahraouis intervient dans un climat lourd et ne milite pas, selon les observateurs, pour une avancée dans ce processus, du fait des positions contraires à la légalité internationale du Maroc, qui occupe depuis 1975 le Sahara Occidental. En fait, un troisième round des discussions informelles entre le Front Polisario et le Maroc, tenu toujours à Manhasset, s'était achevé le 9 novembre dernier en queue de poisson. Ces discussions, on se rappelle, avaient été menées alors que les forces de sécurité et l'armée marocaines avaient organisé le démantèlement par la force du camp de Gdeim Izik, où des civils sahraouis s'étaient réfugiés, fuyant les mauvaises conditions de vie à Layoune occupée. Ce round, qui sera suivi d'un quatrième au début de 2011, ne devrait pas trop changer la donne, selon des diplomates, pour lesquels le précédent avait été miné par l'organisation de l'attaque du camp de Gdeim Izik. Cette attaque avait fait plusieurs morts et des centaines de blessés, selon le Polisario, qui avait dénoncé cette opération perpétrée par les forces d'occupation marocaines. Selon le président sahraoui Mohamed Abdelaziz, le Maroc est responsable d'éventuelles dérives dans la région, et l'a appelé à des négociations «urgentes et justes». Selon l'agence sahraouie de presse SPS, le président Mohamed Abdelaziz a affirmé, à l'adresse du monarque marocain, que «vous avez sciemment adopté la politique obsolète de fuite en avant et un discours tendancieux qui a contribué et qui contribuera à l'émergence de motifs de nouvelles dérives qui seraient plus catastrophiques pour tous si nous n'assumions pas notre responsabilité devant l'histoire». Dans une lettre adressée au roi du Maroc Mohammed VI à la veille du 62e anniversaire de la déclaration universelle des droits de l'homme, reprise par SPS, il a accusé certains milieux d'être derrière «l'exacerbation des rancoeurs et des sentiments de chauvinisme en prenant pour alliés des civils marocains contre des civils sahraouis et en les incitant à commettre des crimes odieux à leur encontre dans le but d'attiser le feu de la discorde, dont chaque expression est apparentée à l'apartheid qui sévissait en Afrique du Sud». Il a, en outre, réaffirmé la disponibilité du Front Polisario à «des négociations justes. L'opportunité vous est encore offerte pour méditer sur la situation qui prévaut et qui risque de sévir si le gouvernement marocain poursuit son désengagement du règlement international sur la base d'un référendum d'autodétermination convenu entre les deux parties au conflit, loin de toute forme de pression», a encore souligné le président sahraoui, à la veille de la reprise des discussions informelles de Manhasset. Pour autant, et même avec la bonne volonté de l'envoyé personnel du SG de l'ONU, Ban Ki-moon, il est hautement probable que ces discussions n'aboutissent pas, et ne donnent, pour le moment du moins, aucun résultat tangible. Au moins tant que le Maroc s'accroche à sa proposition de large autonomie au Sahara Occidental et en fermant la porte à tout autre forme de solution, dont un référendum d'autodétermination, pour ce dernier conflit de décolonisation en Afrique.