Christopher Ross s'attelle à mettre sur pied une seconde réunion préparatoire en vue d'un 5e round de négociations, qui devrait, en principe, se tenir à Manhasset dans la proche banlieue de New York. C'est ce qui a été annoncé, mardi, par le porte-parole du secrétaire général de l'Organisation des Nations unies. «L'envoyé spécial du secrétaire général (de l'ONU) pour le Sahara, Christopher Ross, tente d'organiser une seconde réunion de pourparlers informels pour le Sahara au début de l'année prochaine», a déclaré lors d'un point de presse, Martin Nesirky, sans toutefois faire mention de plus de précisions. Pour rappel, une première réunion, depuis le départ de l'ex-représentant personnel de Ban Ki-moon, le diplomate néerlandais, Peter Van Walsum, s'était tenue au mois d'août dernier en Autriche. Le nouvel envoyé spécial pour le Sahara occidental s'était déclaré, à l'issue de cette rencontre entre la délégation du Maroc et les représentants du Front Polisario, «satisfait» de la manière dont se sont déroulés les pourparlers. Lors de sa tournée dans la région, au mois de juin 2009, le successeur de Peter Van Walsum n'avait pas caché son «optimisme» à voir les deux parties belligérantes se retrouver à nouveau autour de la table des négociations pour tenter de mettre fin au conflit du Sahara occidental dans le cadre des résolutions votées par le Conseil de sécurité. «Je suis optimiste quant à cette première rencontre informelle qui, j'en suis sûr, apportera une contribution importante à la recherche d'une résolution du conflit qui dure déjà depuis trop longtemps», dira Christopher Ross à l'issue d'un entretien qu'il venait d'avoir avec Taïeb Fassi-Fihri, le chef de la diplomatie marocaine. Depuis, de l'eau aura coulé sous les ponts. Les relations entre la République sahraouie et le Royaume marocain, en plus d'être nulles, sont électriques. Elles sont de surcroît, envenimées par la question récurrente de la violation des droits de l'homme dans les territoires du Sahara occidental occupé. Le 8 octobre 2009, ce sont sept militants, de retour des camps de réfugiés sahraouis à Tindouf, qui ont été interceptés à leur descente d'avion, sur le tarmac de l'aéroport de Casablanca, puis incarcérés. Le 13 novembre, ce fut au tour de la militante sahraouie des droits de l'homme d'être expulsée de l'aéroport d'El Aâyoune vers l'île de Lanzarote après avoir porté la mention «Sahara occidental» au lieu de Maroc sur sa fiche de débarquement. Elle n'a pu rentrer chez elle qu'après une grève de la faim de trente-deux jours sur un fond de soutien de la communauté internationale sans précédent. Un climat très peu favorable à la tenue de la moindre réunion, quand bien même elle est informelle. Tenace, le secrétaire général de l'Organisation des Nations unies l'a pourtant appelée de tous ses voeux malgré toutes ces difficultés. Soixante-douze heures à peine avant le dénouement de l'affaire Aminatou Haïdar, il avait confié que les deux parties en conflit, le Maroc et le Front Polisario, avaient convenu du principe de la tenue d'une réunion préparatoire dans la perspective d'un 5e round et de négociations directes. «Le cinquième cycle des négociations devrait se tenir dans les plus brefs délais possibles, car il nous faut faire des progrès dans les pourparlers. Nous devons créer une certaine confiance politique entre les parties concernées...Je continuerai à promouvoir le processus de négociations au Sahara», avait déclaré Ban Ki-moon le 14 décembre à New York, lors de sa conférence mensuelle au siège des Nations unies. Le 21 septembre, le chef de la diplomatie marocaine confirmait les voeux affichés, mais au caractère soupçonneux, de son pays de reprendre le chemin des pourparlers. «Le plus important en ce moment, c'est de parvenir à la tenue d'un 5e round de négociations officielles, directement ou à travers une deuxième réunion informelle, dont la tenue est entravée par les ennemis de l'intégrité territoriale du Royaume», a fait savoir Fassi-Fihri. «Nous examinons actuellement le lieu et la date des prochaines négociations, afin de ne permettre à personne de les retarder encore», a ajouté le ministre marocain des Affaires étrangères et de la Coopération. Mais qui pourrait bien donc retarder ces négociations? Le diplomate marocain désigne l'Algérie: à qui incombe «la situation qui prévaut dans les camps de Tindouf». Comme mauvaise foi, on ne peut faire mieux! Les Sahraouis sont prévenus. Christopher Ross aussi. La délégation marocaine se rendra à cette réunion informelle uniquement dans le but d'imposer son plan de large autonomie. Le retour d'Aminatou Haïdar à El Aâyoune est resté en travers de la gorge des autorités marocaines et c'est pour cela qu'ils feront tout pour torpiller les prochaines négociations. La tenue d'un référendum en faveur de l'autodétermination du peuple sahraoui, sous l'égide des Nations unies, demeure le cauchemar de Rabat.