L'affaire de l'assassinat crapuleux d'un ressortissant turc, exploitant une carrière de gravier à El-Ançor, en avril 2009, est revenue hier devant les juges. Motif de ce «procès-bis» : le jugement d'un co-auteur présumé du crime, arrêté après deux années de cavale. Ses anciens complices, deux hommes et une femme, condamnés à la peine capitale, ont revisité hier la salle d'audience du tribunal criminel d'Oran. Non pour être rejugés après cassation, mais pour être entendus comme témoins, à titre de simple information. Etant donné qu'ils sont mis en cause dans cette affaire, ils ont été évidemment dispensés de la prestation du serment avant de déposer. Retour sur les faits d'un crime, planifié et commis en groupe, pour un mobile d'argent. Vendredi 24 avril 2009. Cela fait déjà deux jours que Kasri Abdallah n'a donné aucun signe de vie. Ses employés et ses associés dans la gravière installée au mont de Djorf El-Alia, sont d'autant inquiets que ce n'est pas dans les habitudes de Kasri de s'éclipser de la sorte, lui qui est réglé comme une pendule. Leurs appréhensions vont s'avérer fondées. On se déplace chez-lui, à Aïn El-Turck, à l'aube. On frappe fort à la porte, on appelle à tue-tête personne ne répond. A travers la fenêtre de sa chambre, on entrevoit comme une lumière de télé allumée. C'est très louche tout ça ; on appelle la police qui arrive et défonce la porte. L'appartement est en désordre. On ne tarde pas à découvrir le corps corpulent du Turc, couvert de sang, gisant en travers de son lit. Une enquête est ouverte. L'autopsie révèle seize coups donnés par un objet tranchant et un autre contondant. Une enquête fut ouverte. Des témoins déclarent avoir vu la victime entrer chez-elle, deux jours avant la découverte de son corps, avec une femme dont le signalement donné correspond avec celui d'une employée dans un petit restaurant à Aïn El-Turck. Il s'agit de S.A, une jeune femme de 27 ans originaire d'Annaba, qui avait fugué du foyer parental pour venir travailler à Oran. Les soupçons autour de cette femme et son patron, le restaurateur, vont s'avérer justes. La jeune femme avouera avoir passé la nuit avec la victime, d'avoir tenté de la droguer en lui mettant des somnifères dans un verre de jus de raisin. Mais le soporifique n'a pas eu l'effet escompté et S.A a appelé ses complices. La méthode « douce » n'ayant pas marché, il fallait passer au plan B, la méthode musclée. H.D et S.B (l'accusé jugé lors de ce procès) arrivent bien équipés. Au vieux Turc, les deux brutes infligent une séance de torture d'une rare atrocité pour savoir où est planqué l'argent. En fait, l'argent reposait dans les caisses de la banque ; l'entrepreneur turc n'en retirait que des petites sommes pour ses besoins quotidiens. Dépités et fous de rage, les deux «bourreaux» décident d'achever leur forfait, suppliciant à mort leur victime à l'aide d'un poignard et d'un étal de cuisine. Ils ont pris ensuite le véhicule de la victime, une Renault Laguna, et une somme de 7.000 DA, et se sont rendus à Msila. H.D avouera tout, notamment l'acte du crime et le fait d'avoir utilisé la jeune femme comme appât. Selon l'accusation, c'est le restaurateur B.N qui a échafaudé tout ce plan pour s'emparer de l'argent de son client turc. L'avocat général a requis hier la peine capitale contre S.B, accusé d'assassinat et de vol. A l'issue des délibérations, il a été condamné à la réclusion à perpétuité.