Plutôt discrète jusque-là, la diplomatie algérienne semble cette foisci en phase avec l'événement, et a réagi assez vite aux derniers propos de responsables français sur la limitation des visas pour les étrangers, dont les ressortissants algériens. M. Halim Bentallah, secrétaire d'Etat chargé de la Communauté algérienne établie à l'étranger, est monté au créneau mardi pour dénoncer en des termes «policés» cette mesure discriminatoire. Selon lui, les recommandations du ministre de l'Intérieur français Brice Hortefeux pour la réduction des visas de court séjour pour les Algériens «ont le mérite de la clarté». L'ex-négociateur algérien des accords d'association avec l'UE a estimé qu'»indéniablement, le message du ministre de l'Intérieur français pour la réduction des visas court séjour et le durcissement des conditions de leur octroi a le mérite de la clarté». Dans une déclaration à la chaîne III de la Radio nationale, M. Benatallah a affirmé qu'»il est annoncé que les Maghrébins, donc les Algériens, vont rencontrer encore plus de difficultés pour obtenir de visas de séjour de courte durée». Et d'ajouter que les Algériens et les Maghrébins «ont des raisons légitimes de se déplacer en Europe», affirmant que «la question des visas de court séjour est cruciale pour les millions d'Algériens et Maghrébins de bonne foi». Dans la foulée, il a annoncé que «le problème sera à l'ordre du jour pour les prochaines négociations consulaires bilatérales». Vraisemblablement, la décision des autorités françaises de s'attaquer au problème de l'immigration clandestine en révisant à la baisse les octrois de visas, a irrité les autorités algériennes, à un moment où l'Algérie s'attendait à une plus grande ouverture de la France. Autant par rapport à la relative embellie économique et commerciale entre les deux pays, que par une convergence de vue sur le fait qu'il faut rebooster les relations politiques bilatérales. Mais, l'annonce par Brice Hortefeux que l'immigration illégale en France sera combattue par une baisse drastique des visas dérange au plus haut point les autorités algériennes, qui y voient un geste sans commune mesure avec les vrais solutions au problème de l'immigration illégale. L'immigration clandestine en France doit «baisser, et elle baissera», a affirmé le ministre français l'Intérieur Brice Hortefeux dans une interview accordée mercredi dernier au quotidien français Le Figaro. Il assure que depuis 2007, près de 106.000 immigrés clandestins ont été éloignés. «Ils sont 25.500 depuis le début de l'année: nous combattons avec vigueur les passeurs, les mafieux, tous ces esclavagistes modernes qui exploitent la misère humaine: depuis janvier, 156 filières ont été démantelées, contre 126 l'an dernier». Et, dans le cadre de cette politique de lutte contre l'immigration clandestine, il a indiqué qu'il allait demander aux préfets d'être plus vigilants sur l'octroi de certificats d'hébergement aux demandeurs de visas. «Dans les prochaines semaines, je réunirais les préfets avec les consuls pour leur fixer mes priorités dans l'attribution de visas et leur demander d'être plus vigilants dans la délivrance des visas de court séjour qui ne doivent pas être des passeports pour la clandestinité», a souligné le ministre français de l'Intérieur. Il a en outre appelé les préfets à la fermeté, leur demandant d'amplifier les expulsions de clandestins d'ici la fin de l'année et d'être «plus offensifs» dans la lutte contre la délinquance. L'objectif en 2010 était de reconduire à la frontière 28.000 clandestins, et sur ce chiffre, la France a effectué 25.511 expulsions durant les onze premiers mois de 2010. Lundi soir, Brice Hortefeux avait demandé aux représentants de l'Etat de mettre «à profit les dernières semaines qui viennent pour accentuer l'effort». Il a dit lors d'une réunion au ministère de l'Intérieur que «je veillerai personnellement à vos résultats et j'inviterai à me rencontrer ceux qui connaissent le plus de difficultés». Et, en matière d'immigration, «la France a le droit de choisir», a-t-il dit.