« L'Union africaine (UA) adoptera une loi type criminalisant le terrorisme et prohibant tout paiement de rançon à des groupes terroristes», a affirmé Al-Kacem Wane, directeur du département de la Paix et de la Sécurité à la Commission de l'UA, qui était, hier, l'invité de la radio chaîne 3. Cette loi sera adoptée au cours la réunion qui se tiendra mercredi et jeudi à Alger et qui regroupera des experts de l'UA au Centre africain d'études et de recherche sur le terrorisme (CAERT). «Les Etats membres de l'UA se sont engagés à criminaliser les affaires terroristes», a rappelé l'invité de la radio. Cette loi va permettre aux pays membres de l'UA de poursuivre ou d'extrader (vers leur pays d'origine) les terroristes en activité sur leur territoire. «Ce texte permettra aussi d'uniformiser les législations africaines antiterroristes», a expliqué M. Wane. Ce dernier ajoute que «les membres de l'UA approuveront notamment lors de cette réunion du CAERT un mandat d'arrêt africain». «Cette loi, précise-t-il, qui est un instrument cadre, doit être adoptée par l'ensemble des pays africains en vue d'uniformiser leurs législations contre le terrorisme». Ainsi, les terroristes ne doivent être à l'abri soit de poursuites judiciaires sur place, soit d'extradition vers les pays qui les réclament. La nouvelle loi type vient en application des mesures adoptées le 22 novembre dernier par le Conseil paix et sécurité de l'UA visant à renforcer cette coopération, rappelle M. Wane. Le projet de loi type comprend aussi des dispositions interdisant et criminalisant le versement de rançons à des groupes terroristes, a insisté ce haut responsable de l'UA. Le Conseil de sécurité de l'ONU et l'UA avaient tour à tour adopté en décembre 2009 et en juillet de la même année une résolution criminalisant le paiement de rançons. «Cette question de versement des rançons est au cœur de la coopération entre l'Union africaine et l'Union européenne. La coopération avec l'UE qui porte tant sur le renseignement que sur les actions sur le terrain n'est pas perçue comme une ingérence», a considéré M. Wane qui s'est dit «favorable à toutes les actions concertées contre ce fléau du terrorisme». «A Kampala, rappelle-t-il, les chefs d'Etat africains ont désigné un représentant spécial chargé de la coopération antiterrorisme qui va diriger le CARET». «La réunion du CAERT sera marquée par l'installation officielle du nouveau directeur du centre qui est également représentant spécial de l'UA pour le renforcement de la coopération antiterroriste du continent», fait savoir M. Wane. Interrogé sur la situation dans le Sahel, M. Wane s'est dit «préoccupé». «Al-Qaïda au Maghreb islamique, a-t-il affirmé, est évidement une menace dans la zone du Sahel». Selon lui, «les Etats africains devront mobiliser tous les moyens nécessaires pour contrer la menace terroriste». Créé en 2004 à Alger, le CAERT est une agence de l'UA chargée d'évaluer la menace terroriste en Afrique et de promouvoir la coopération antiterroriste interafricaine. Ce centre s'occupe plus particulièrement de conduire des actions de formation, de mener des études, de constituer des bases de données pour la collecte, l'échange et l'analyse d'informations ainsi que d'exercer une fonction de veille et d'alerte en matière de terrorisme. Le centre a aussi pour but d'aider à l'application intégrale des conventions internationales relatives au terrorisme. «L'Union africaine, rappelle M. Wane, a déjà adopté un certain nombre d'instruments juridiques» dont il cite «la convention d'Alger en 1999, le plan d'action approuvé en 2002 et le protocole de coopération contre le terrorisme signé en 2004». Toutefois en matière de lutte contre le terrorisme, M. Wane reconnaît au continent africain «des insuffisances en moyens». «Beaucoup reste à faire», admet-il. «Les chefs des Etats sont conscients de la nécessité de mobiliser des ressources pour rendre efficace la lutte contre ce fléau», ajoute-t-il. Interrogé sur la crise en Côte d'ivoire, M. Wane a qualifié la situation de «préoccupante» et a rappelé que «l'Union africaine a pris une position claire visant à régler cette crise». Quant à la situation au Soudan, ce responsable de l'UA dira que «l'Union africaine travaille de manière assez soutenue sur les accords de paix post-référendum pour que cette échéance électorale d'autodétermination du Sud se déroule en toute transparence».