Les prédicateurs salafistes, qui relaient les thèses les plus radicales et diffusent un enseignement extrémiste, sont-ils un danger potentiel en Algérie ? Ce phénomène a-t-il une ampleur alarmante ? Le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, M. Bouabdallah Ghlamallah, s'est exprimé jeudi sur ce sujet sensible. «Les idées salafistes qui dénaturent l'histoire et travestissent la réalité ne sont plus une menace pour la référence religieuse nationale», a affirmé le ministre, qui répondait aux membres du Conseil de la nation au cours d'une séance plénière. «Les efforts consentis, soutient le ministre, avaient permis d'immuniser les mosquées contre ces idées». «Les tenants de ces idées, poursuit-il, se sont confinés dans les couloirs des universités et aux abords de certaines mosquées». Le ministre estime que «l'engagement à la défense de la référence religieuse nationale est devenu un critère de recrutement des imams». «La mosquée, explique-t-il, est une institution sociale qui doit travailler en coordination et en harmonie avec les autres institutions». S'agissant des rapports entre l'imam et l'association religieuse, il a rappelé que ces relations sont régies par les lois de la République, précisant que son département attend la présentation par le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales d'un projet de révision de la loi sur les associations pour proposer un amendement à même d'éviter tout malentendu entre les imams des mosquées et les associations religieuses. Une proposition qui permettra aussi, a-t-il ajouté, d'éviter que la mosquée ne soit empreinte d'une tendance sectaire ou partisane par les tenants de telles idées. Et de souligner le caractère «général» de l'actuelle loi sur les associations, émettant le souhait que l'amendement portera sur la spécificité de l'association qui gère la mosquée et qui est différente de toute autre association. Le ministre a révélé que la corporation des imams est composée de 55% de titulaires, 15% d'officiants, 20% d'enseignants du saint Coran et d'agents de mosquées et 10% de diplômés universitaires bénévoles, en attente de recrutement». M. Ghlamallah s'est félicité des «progrès notables» réalisés dans ce domaine au cours du précédent quinquennat. En témoigne la progression du nombre de postes budgétaires réservés aux imams, «passant de 16.158 en 2005 à 19.158 en 2010 ». Le plan quinquennal 2010-2014 vise l'objectif «de résorber le déficit et d'améliorer la qualité de l'encadrement des mosquées», a affirmé le ministre. Et ce dernier de préciser que la demande faite par son département de doubler le nombre de postes budgétaires de 500 à 1.000 par an avait été approuvée. D'ici à 2014, 8 instituts islamiques de formation de cadres religieux bénéficieront d'une extension afin d'en augmenter la capacité d'accueil». «Cinq instituts islamiques nationaux et une école nationale supérieure de formation de cadres religieux seront réalisés durant la même période», a ajouté le ministre. D'autres projets consistent en «la construction de 15 écoles coraniques-pilotes à système résidentiel et la réalisation de 15 autres écoles coraniques durant le prochain plan». Au programme, figure également «la construction de 30 mosquées-pôles dont la moitié est inscrite dans le cadre de l'actuel plan, le reste le sera dans le prochain. Interrogé sur les imams qui ont refusé de se lever pour saluer l'hymne national Kassaman, Ghlamallah a répondu que ces derniers ont été présentés devant le Conseil scientifique, où «ils ont présenté des explications sur ce comportement qui n'émanait ni d'une désobéissance ni du non-respect des symboles de l'Etat algérien (...) et ont présenté des excuses». «Le Conseil scientifique, a-t-il ajouté, a orienté ces imams vers la commission paritaire qui a adopté ses recommandations stipulant que ces imams sont «interdits de prêche pour une durée indéterminée». « Bien que l'incident soit limité dans le temps et l'espace, a-t-il poursuivi, tous les imams du pays l'ont condamné.». S'agissant de la construction de la grande mosquée d'Alger, Ghlamallah s'est montré «optimiste» devant la progression du projet, soulignant «son importance et son envergure», dont l'étude a nécessité «énormément de temps et d'efforts». «La commission nationale des marchés, a-t-il ajouté, étudie les cahiers des charges dans le détail», affirmant que de grandes entreprises de renommée mondiale sont intéressées par ce projet. Enfin, répondant à une question sur les fonds de la Zakat qui lui a été posée en marge de la séance du Conseil de la nation, le ministre a déclaré que «des instructions ont été données pour que ces fonds ne restent pas dans les caisses».