Au «Quotidien d'Oran», l'ombre de Boumazza Habib plane en permanence. Lorsque nous l'évoquons, et cela arrive souvent, par réflexe, d'un geste, nous indiquons la place où il exerçait en tant que rewriter et collaborateur, s'acquittant parfaitement des articles commandés. C'est dire si son souvenir est très vivace dans nos têtes et dans nos cœurs. Rarement, un être a autant fait l'unanimité sur sa personne. Boumazza, c'était l'éclectisme par excellence. C'était le sourire et la bonhomie à laquelle personne ne résistait. En le citant, on dit toujours «El-Mahroum a dit et a dit cela». Tout le monde sait alors pertinemment que c'est de Boumazza qu'il s'agit. Il n'avait pas son pareil pour créer une ambiance bon enfant partout où il se trouvait. Au sein de la rédaction de notre journal, tout le monde le sollicitait car, avec sa grande culture générale, il avait réponse à tout. Nous qui l'avons bien connu et côtoyé durant plusieurs décennies, nous pouvons vous certifier que ce fut un collègue et un compagnon exceptionnel. Constamment souriant, il n'a exprimé qu'une seule fois sa colère. C'était lors de la «débaptisation» de la fameuse école Avicenne d'El-Hamri. Il s'est alors impliqué et a fini par avoir gain de cause. Pour lui, comme pour tous les authentiques Hamraouas , cette école est une véritable institution. «Cet établissement, c'est l'histoire de notre quartier, et on ne doit pas toucher à cette mémoire», nous a-t-il rétorqué. Il est vrai qu'il est né à proximité de cette école et n'aurait jamais accepté «l'outrage» d'un changement de nom. Certes, il a eu un parcours plein et riche, tant au sein de l'enseignement que dans le milieu de la presse, mais il est parti trop tôt. Car il avait des projets plein la tête. Entre autres, un pèlerinage projeté d'ailleurs pour l'année 2008. La volonté Divine a voulu qu'il quitte ce monde le 28 décembre 2007, laissant sa famille consternée. Car Habib, par sa personnalité, était comme un «protecteur» pour les siens et également ses amis. Certes encore, la douleur s'est estompée, mais les souvenirs sont restés très vivaces. Cet été, un autre Habib, son petit-fils, est venu au monde. Etrange coïncidence: les deux sont nés le 16 juillet. Il y a quelques jours, à la mosquée d'El-Hamri, la Fatiha de sa seconde fille a été célébrée en présence de toute sa famille et ses nombreux amis, et toujours à proximité de cette fameuse école Avicenne. Une forte belle preuve que personne n'a oublié Habib Boumazza. Envers un tel homme, c'est bien la moindre des choses.