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La loi d'un marché non régularisé: Le foncier flambe à Alger
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 29 - 12 - 2010

Le prix du mètre carré (m2) de terrain à bâtir atteindrait les 300.000 DA à Alger, selon le député d'El Islah, Yaïci Rachid, dans une intervention adressée au ministre de l'Habitat lors du débat sur le projet de loi portant réglementation de l'activité de promotion immobilière.
Pour M. Yaïci, «il ne fait aucun doute que cette hausse des prix, qui défie ceux pratiqués dans les plus grandes capitales du monde», est due à «la mainmise des intermédiaires et des spéculateurs, ce qui ouvre la voie au blanchiment de l'argent sale». Où en sont vraiment les prix du foncier destiné à la construction de logements individuels ou coopératifs à Alger ? S'ils ne confirment pas le faramineux prix au m2 cité par le député d'El Islah, plusieurs intervenants dans le secteur immobilier, interrogés à ce propos, avancent une fourchette de prix à vous donner le tournis, mais leurs explications de cette terrible hausse convergent toutes vers la prédominance de la spéculation. Selon un entrepreneur du bâtiment, les prix du m² à Alger varient de 20.000 à 150.000 DA/m² selon les quartiers et la position du lot de terrain. La même source indique que dans les quartiers réputés «huppés», comme à El Biar et Hydra, il faut compter aux environs de 150.000 DA. «Aux Eucalyptus, c'est autour de 20.000 DA. A Birtouta, par exemple, le m² a rapidement grimpé à 40.000 DA. Dans cette région devenue très urbanisée, comme à Chebli, la hausse a suivi les programmes des logements de l'Etat. Les intermédiaires veulent profiter de cette tendance», explique-t-il.
Pour Mme Maameri, agent immobilier à Bordj El Kiffane, si les prix du m² de terrain à bâtir ont connu une hausse vertigineuse, c'est en raison de la spéculation. «Des gens ont profité, dans les années 93/94, lorsque des lots de terrain de 180 m² étaient cédés entre 90.000 et 190.000 DA, pour les revendre, une décennie plus tard à 7 et 12 millions de DA». Elle nous cite l'exemple d'un terrain de 300 m², avec acte publié et enregistré, situé en front de mer à Bordj El Kiffane, dont la mise en vente a atteint 32 millions de DA. «Le pire, c'est que lorsque des acheteurs (émigrés) se sont présentés, le propriétaire a augmenté à 35 millions de DA.
En fait, il ne faisait qu'évaluer son bien pour le vendre bien plus cher plus tard», affirme Mme Maameri qui regrette que le secteur soit gangrené par la spéculation. Toujours selon Mme Maameri, à Saïd Hamdine, en 2004, un lot de 1.000 m² a été mis en vente à 12 millions de DA. En 2010, le prix a atteint 17 millions de DA et «le propriétaire ne veut pas encore vendre». A El Achour, à l'ouest d'Alger, le prix du m² est vendu entre 70.000 et 100.000 DA. Et lorsque c'est moins cher, c'est que le lot est immense. C'est le cas d'une vente de 6.000 m² à 35.000 DA/m². Notre interlocutrice a également constaté une hausse du prix du foncier aux alentours du tracé de l'autoroute Est-Ouest. «Vous savez, des gens qui connaissent les plans exacts de l'autoroute ont acheté des lots de terrain et les revendent à des prix exorbitants». La solution, selon Mme Maameri, c'est de «donner des logements aux gens qui sacrifient le salaire d'un des deux conjoints pour louer des appartements, au lieu d'en donner à des spécialistes des bidonvilles qui se déplacent d'une wilaya à une autre pour bénéficier du logement social». M. Haroune, promoteur immobilier de la région de l'Est algérien, qui a eu quelques projets dans le Centre du pays, estime que la hausse des prix va continuer à Alger et dans les grandes villes du pays. «Faute d'offre suffisante et de contrôle de l'Etat, les spéculateurs ne vont pas se gêner pour ramasser le maximum d'argent», dit-il. Si, pour lui, «l'Etat ne peut pas réguler le marché du foncier à bâtir, qui demeure entre les mains du privé, il est néanmoins possible d'instituer des fourchettes de prix dans les différentes régions du pays et même dans des quartiers, comme la capitale». «Les terrains vendus par l'Etat doivent êtres incessibles pour éviter toute spéculation. Il n'est pas normal qu'un citoyen qui achète un lot de terrain à un prix étatique le revende une année plus tard à dix fois la valeur initiale. Où allons nous à ce rythme ?», s'interroge M. Haroune. En définitive, l'intervention de l'Etat s'avère plus que nécessaire. Sinon, il arrivera probablement un jour où, pour réaliser des programmes de logements publics, les pouvoirs publics soient amenés à racheter au prix fort des terrains cédés à des tarifs symboliques.


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