Les managers d'entreprises économiques en quête d'efficacité planchent continuellement sur l'amélioration de la gestion de la chaîne logistique, appelée en anglais «supply chain». Jeudi, à Alger, le cabinet «Ernst and Young» a organisé une rencontre autour de la performance de la distribution et du service après-vente. Sur ce thème, plusieurs cadres d'entreprises ont été attentifs à l'exposé du spécialiste Pascal Querro, notamment sur le volet «stratégie de distribution». Arnaud Herrmann, Thi-Tu-Khunog experts du cabinet Ernst and Young, ont développé des thèmes tels que «l'exportation et les certifications internationales à obtenir», ou, «les obligations de traçabilité, notamment dans l'agroalimentaire et la pharmacie». La salle a paru très intéressée par le premier sujet. En résumé, l'assistance a eu à connaître de deux cas de figures différents, celui d'un réseau de distribution intégré et celui d'une logistique avec distributeurs. Leurs avantages et leurs inconvénients ont été cernés. L'assistance a eu également à connaître du système dit du «cross-docking» qui consiste, en gros, à structurer la logistique en amont en recourant notamment à des outils informatiques. Réduire les coûts Le débat autour de ce thème de la stratégie de distribution s'est focalisé autour de l'intervention du Pdg du groupe Cevital, Issad Rebrab. Tout en montrant un vif intérêt pour le sujet, il a donné des indications sur la stratégie de distribution de son groupe. Il a indiqué que le choix du port de Béjaïa pour l'implantation d'une raffinerie d'huile n'était pas fortuit. Cela permettait de gagner du temps, dès l'arrivée de la matière première et donc de gagner sur les coûts de production. Si la raffinerie était située à plusieurs kilomètres du port, cela nécessiterait toute une logistique et du temps pour acheminer la matière première jusqu'au lieu de sa transformation. L'industriel algérien a précisé qu'il a copié, sur ce plan, ce qui se faisait en Corée du Sud. Il a rappelé qu'il aurait fortement souhaité investir dans une infrastructure portuaire digne de ce nom, c'est-à-dire sur une assiette de quelques milliers d'hectares, au centre du pays, précisément à Dellys indiquant au passage qu'une étude avait été réalisée du temps de feu le président Boumediène. Son groupe en a également réalisée une autre. Toutes débouchaient sur la viabilité et l'intérêt économique d'un tel port. Issad Rebrab a affirmé avoir présenté aux autorités un dossier complet à ce propos, il y a sept ans. Ceci pour dire qu'une industrie intégrée doit prendre en considération tous les facteurs, de l'amont à l'aval. Distribution et exportation Revenant sur la distribution, le patron du groupe Cevital a indiqué qu'il projette de réaliser trois plates-formes de distribution : au Centre, à l'Est et à l'Ouest. A l'ouest, celle-ci sera implantée à Sig. Au centre, le choix s'est porté sur Bouira pour une surface couverte de 80 000 m² et une troisième plate-forme est prévue à Constantine. Dans une autre phase, d'autres centrales logistiques seront construites ailleurs à travers le pays. Au plan opérationnel, Issad Rebrab a plaidé pour une optimisation des moyens de transport. Ainsi, Cevital est favorable à une distribution «groupée», ouverte à d'autres producteurs, comme elle le fait déjà pour des produits du groupe Henkel. En marge de ce rendez-vous, l'industriel Rebrab a été harcelé de questions, par les quelques journalistes présents, au sujet des reproches qui lui sont faits concernant les prix qu'il pratique sur le sucre et l'huile. Tout en reconnaissant sa position dominante sur le marché local de l'huile et du sucre, il s'est refusé à polémiquer en exprimant le souhait d'un débat avec les autorités. Toutefois, il s'est déclaré intrigué par la diminution de 52% des taxes sur un produit fini à l'importation, alors que la matière première du même produit n'est réduite que de 22% pour le producteur local. Il a indiqué que Cevital, en 2010, a exporté dans 28 pays dont la Suisse, Italie, Espagne, Inde et le Sri Lanka. Issad Rebrab a également indiqué que son groupe Cevital, dans sa totalité, verse au Trésor public, sur une année, environ 40 milliards de dinars (droits douanes, ISB, IRG, tva, toutes taxes confondues), soit environ 400 millions d'euros.