Le montant global en emprunts accordés par les banques implantées en Algérie aux entreprises a atteint 3.200 milliards de dinars, en 2010, a indiqué, hier, Abderrahmane Benkhalfa, président de l'Association des banques et des établissements financiers (ABEF). Le secteur bancaire a enregistré une croissance de 18% sur un an mais le taux de couverture des besoins de financement des entreprises n'a pas dépassé 16%. Un taux qui demeure encore très faible. M. Benkhalfa affirme que «le secteur bancaire escompte atteindre l'objectif de 25% à 30%». Alors que les besoins de financement des entreprises est grandiose, les liquidités s'entassent dans les coffres des banques. M. Benkhalfa, qui s'exprimait sur les ondes de la radio Chaîne 3, estime que le financement bancaire «reste, certes, insuffisant, mais il y a beaucoup de résultats». Le président de l'ABEF n'a pas souhaité divulguer le montant global des créances rentrant dans le contentieux, considérant que cela relève du secret bancaire, se contentant d'affirmer que ce montant est consistant. Il faut dire que les entreprises ont souvent dénoncé «la frilosité» des banques. Réponse de M. Benkhalfa: «Le crédit n'est pas une affectation de subventions. Le réseau bancaire activant en Algérie compte 15.000 agents qui traitent les dossiers de crédits. De plus, le spectre des sanctions judiciaires qui pèse sur ces banquiers freine l'action de ces derniers». Et d'ajouter: «Nous souhaitons que la relation banque-entreprise ne reste pas au stade binaire. Le dialogue est difficile mais il est nécessaire». «Les entreprises algériennes ont besoin d'améliorer leurs capacités managériales. Elles sont fragiles. Elles sont restées trop autochtones, trop familiales. Elles ont besoin d'un apport technologique et managérial qui peut être apporté par les entreprises étrangères», analyse le président de l'ABEF. Et de souligner l'importance des opérations de mise à niveau pour améliorer la compétitivité des entreprises. Il admet que les banques algériennes ont tout autant besoin de revoir leur mode de gouvernance. «Cela dit, relativise-t-il, il y a des entreprises qui évoluent bien. L'esprit de l'entreprenariat se développe. Il faut que d'autres partenaires - dont notamment l'Etat - partagent la prise de risque et pas seulement les banques. La prise du risque ne doit pas se faire au détriment des banques». Les banques «disposent déjà dans leur portefeuille de plus de 1.200 milliards de dinars pour un potentiel qui dépasse les 250.000 entreprises ( )», dit M. Benkhalfa. Et de poursuivre: «Il faut que les programmes de mise à niveau produisent des effets économiques et non pas administratifs, il ne faut pas qu'on compte celles qui font une étude de mise à niveau, mais celles qui améliorent leur compétitivité», a-t-il dit. Dans la foulée, M. Benkhalfa soutient que la mission des banques est «d'élargir le tissu industriel. L'objectif est de créer 200.000 entreprises d'ici à 4 ans. Pour cela, les banques misent à présent, entre autres, sur le marché du leasing». M. Benkhalfa affirme, du coup, que le tourisme est un secteur qui progresse et constituera l'une des premières activités dans les services, dans les années à venir. Interrogé sur la mesure portant obligation de paiement par chèque pour les transactions supérieures à 500.000 dinars censée être appliquée dès le 1er avril prochain, Benkhalfa estime que les banques sont prêtes. «Il faut aller vers le paiement par chèque. Le réseau bancaire compte plus de 25 millions de comptes bancaires entre devises et dinars. Tout n'est pas parfait, mais le système de la télécompensation a fait évoluer et fera évoluer encore davantage nos banques», a-t-il indiqué. «A terme, poursuit-il, le paiement cash ne doit être effectué que par les ménages». Pour le gouvernement, le paiement par chèque contribuera à rendre transparente la traçabilité des opérations permettant ainsi de lutter contre l'économie informelle et le blanchiment d'argent.