Ségolène Royal, socialiste candidate aux primaires de son parti (PSF) pour la présidentielle de 2012, se met à balayer devant la porte «Algérie» tandis que son potentiel rival en 2012, le président Sarkozy, adopte une attitude beaucoup plus prudente. Mais, les deux font de l'Algérie un enjeu électoral. Le président Nicolas Sarkozy, qui donnait hier une conférence de presse, a immanquablement été interrogé sur les événements sociaux qui ont secoué la Tunisie et l'Algérie. «Le président de la République française doit tenir compte du poids de l'histoire dans le jugement qu'il porte sur l'évolution de chacun de ces pays » qui sont d'ex-colonies, a déclaré M. Sarkozy. «Je revendique une certaine réserve lorsqu'il s'agit de commenter les événements de pays qui ont été la France et qui ne le sont plus», a-t-il ajouté. « Je revendique cette réserve, ce recul, spécialement sur l'Algérie», a-t-il précisé. Cette attitude de retranchement derrière l'histoire coloniale surprend dans la mesure où l'Elysée a eu pour ligne, concernant le passé historique, de plaider pour que le sujet soit du ressort quasi exclusif des historiens. A présent, l'Histoire sert de bouclier, de justificatif d'une neutralité politique vis-à-vis d'un voisin, il est vrai, très chatouilleux sur la question du passé colonial et sur ses affaires internes. Nicolas Sarkozy a donc choisi d'attendre et de voir, ce qui est également une posture politique. A Paris, quelques analystes français lui ont reproché cette position de «réserve» jugeant qu'elle ne peut pas faire office de politique pour la France. Royal conseille l'Algérie Par contre, Mme Ségolène Royal, interrogée dans l'émission du «Grand Jury, RTL-LCI-Le Figaro» sur la situation dans ces deux pays du Maghreb, a balayé d'un revers de la main le contentieux colonial avec l'Algérie. En campagne préélectorale pratiquement en permanence, elle a enfourché ce thème d'actualité avec un avantage sur son rival: elle n'a pas à gérer les affaires d'Etat. A la hussarde, la potentielle candidate du Parti socialiste français a estimé qu'il y a en Algérie «des problèmes de libertés publiques», des « problèmes de liberté d'expression, un problème de liberté de constitution d'autres forces politiques, un problème d'échéances électorales». Pour elle, «c'est une véritable mutation économique et politique que le gouvernement algérien doit enclencher ». «On sait bien que petit à petit, l'absence d'opposition, de contre-pouvoirs - dit-elle en citant Montesquieu - c'est une vérité universelle en démocratie, toute personne qui a du pouvoir tend à en abuser , c'est ce qu'on voit aujourd'hui se dérouler dans ces pays », a estimé Mme Royal. « Il est évident aujourd'hui que l'Algérie doit organiser sa succession et il faut que ceux qui sont en place fassent preuve de sagesse, prennent la mesure, l'importance et la gravité de la situation et s'en sortent par le haut en accompagnant la «transition démocratique» ». «Tout vaut mieux que la violence cela suppose de ne pas agir trop tard », a jugé la socialiste Ségolène Royal. C'est la première fois qu'une figure de proue du Parti socialiste français va aussi loin dans ses appréciations, en public, de la situation en Algérie depuis 1992. Au-delà de la question de savoir si ces appréciations sont justes ou pas, fondées ou infondées, on relève de prime abord que la formation de feu Mitterrand peine depuis quelques années à dégager des idées pour pouvoir remplacer la droite au pouvoir, et qu'elle est engluée dans une guerre interminable de leadership. Plus terre à terre, les amateurs d'informations télévisées françaises ont encore à l'esprit cette image de Ségolène Royal se bousculant pour être filmée, dernièrement, devant le tombeau de François Mitterrand, qui fut notamment ancien ministre de l'Intérieur de l'Algérie colonisée. Aujourd'hui, lorsqu'elle se met à décortiquer et à juger la vie politique en Algérie, finalement relève un sympathisant du RCD, «Mme Royal est objectivement un soutien de l'Alliance présidentielle».