Nicolas Sarkozy a officiellement lancé sa campagne présidentielle dimanche devant plusieurs dizaines de milliers de partisans à Paris, dans l'indifférence affichée de sa rivale socialiste Ségolène Royal partie rencontrer la France rurale. Dans une grand-messe politique comme les gaullistes les affectionnent, M. Sarkozy a prononcé son premier discours de candidat officiel, promettant de se tourner "vers tous les Français" et pas seulement vers sa famille politique. "Je veux être le président d'une France réunie", a-t-il lancé, dans un discours foisonnant mêlant réflexions sur la République et engagements concrets, comme le droit opposable au logement ou un service public minimum en cas de grève. Le Premier ministre Dominique de Villepin a fait lui le service minimum pour la grande fête de son ministre de l'Intérieur, se contentant d'une brève apparition, sans discours, et sans incidents, dans la matinée. Mais une série de responsables de l'UMP se sont succédés à la tribune pour apporter un soutien sans équivoque à M. Sarkozy, qu'il s'agisse d'Alain Juppé, de Jean-Pierre Raffarin ou encore de Michèle Alliot-Marie. Au final, plus des deux tiers des adhérents de l'UMP ont voté pour apporter leur soutien à M. Sarkozy dans la consultation interne lancée le 2 janvier et achevée dimanche, le président de l'UMP étant le seul candidat. La candidate communiste Marie-George Buffet a dénoncé le "Barnum" mis en place à grands frais par l'UMP, et l'ancien ministre socialiste Dominique Strauss-Kahn a décelé "du Berlusconi" chez le président de l'UMP, en critiquant "une cérémonie", un "théâtre" très "significatifs de ce qu'est Nicolas Sarkozy". De son côté, la candidate socialiste Ségolène Royal, partie à la rencontre d'agriculteurs de sa région de Poitou-Charentes, a refusé de commenter le sacre de son rival. "Je suis au côté de cette France qui réussit parce qu'elle est intelligente et va de l'avant", a-t-elle dit, à l'issue d'une visite dans une ferme à Benassay (Vienne), avant d'aller déjeuner avec des agriculteurs producteurs de chanvre dans son département des Deux-Sèvres. Néanmoins, Le porte-parole de Ségolène Royal Gilles Savary a dénoncé dimanche après l'intronisation de Nicolas Sarkozy par les militants de l'UMP "un sacre à l'américaine sur fond de discours moral à l'américaine". "Pour ne pas être une surprise, l'investiture du candidat unique de l'UMP, Nicolas Sarkozy, a donné le ton: celui d'un sacre à l'américaine sur fond de discours moral à l'américaine", déclare Gilles Savary dans un communiqué. "Désormais, la droite est sur le pied de guerre et on doit s'attendre à une campagne dure et sans vergogne, qui sollicitera une forte mobilisation et une grande cohérence à gauche", juge-t-il. "Après avoir fondé son ascension sur la division des gouvernements auxquels il a appartenu, Nicolas Sarkozy s'est positionné, une fois encore, sur une ligne d'exacerbation des préjugés et des exaspérations sociales entre Français", ajoute ce porte-parole de la candidate socialiste. "En cela, il se situe aux antipodes de la cohésion sociale et de la mobilisation nationale de Ségolène Royal".