Malgré les appels incessants des partis politiques et des défenseurs des droits de l'homme pour la levée de l'état d'urgence, les pouvoirs publics ne semblent pas disposés à revoir cette mesure. C'est ce qui a été confirmé hier par le vice-Premier ministre, Yazid Zerhouni, qui a répondu aux questions des journalistes en clôture de la session d'automne du Parlement. Selon le vice-Premier ministre, les autorités publiques n'ont jamais pris de décisions, dans le cadre de l'état d'urgence, qui ont réduit ou limité les libertés individuelles et collectives. Pour le vice-Premier ministre, l'état d'urgence est tout simplement « un mécanisme qui permet une coordination entre les forces de sécurité, l'armée et l'administration dans la lutte antiterroriste ». Et de souligner que face à la menace terroriste, «il n'est pas raisonnable de demander actuellement la levée de l'état d'urgence». En ce qui concerne la marche du 12 février, il a été clair. « La marche n'est pas autorisée. Officiellement, elle est interdite », a-t-il déclaré. Zerhouni ajoute qu'« il n'y a pas de garantie pour qu'il n'y ait pas de dérapages. Et dans ce cas, ceux qui appellent à cette marche doivent assumer leurs responsabilités », non sans rappeler le scénario vécu le 14 juin 2001. Le vice-Premier ministre a souligné, en outre, que la loi sur les associations sera révisée. Une révision qui va permettre d'assainir le monde associatif et permettre également l'octroi d'agréments pour de nouvelles associations. A une question établissant un parallèle entre les situations prévalant, d'une part, en Tunisie et en Egypte, et d'autre part en Algérie, M. Zerhouni a affirmé que les situations dans les trois pays n'étaient «pas similaires». «Au niveau des politiques sociales, l'Algérie est le pays où les transferts sociaux sont les plus élevés au monde», a-t-il souligné. «Deux millions de logements ont été construits. Il y a 10 millions d'élèves dans les différents paliers de l'enseignement et 1,5 million d'étudiants», a-t-il ajouté. «Il y a des avancées en Algérie, les choses changent graduellement», a-t-il poursuivi. Yazid Zerhouni a également précisé que le gouvernement est en mesure d'étudier plusieurs dossiers d'ordre politique, économique et des dossiers relatifs aux libertés. Il a aussi souligné que le ministère de l'Intérieur est en train d'étudier le code communal et la réforme de la fiscalité locale. Par ailleurs, vingt et un (21) députés ont déposé mardi, au niveau du bureau de l'Assemblée populaire nationale (APN), une proposition de loi en faveur de la levée de l'état d'urgence, en vigueur depuis le 9 février 1992, rapporte l'APS. Les initiateurs de cette démarche considèrent que l'amélioration de la situation sécuritaire «enlève tout argument pratique au maintien de cet état de fait». Pour les élus de la nation, le décret législatif 93-02 du 6 février 1993 «ne trouve pas de fondements au triple plan juridique, sécuritaire et politique». «L'article 119 de la Constitution stipule que «l'initiative des lois appartient concurremment au chef du gouvernement et aux députés. Les propositions de lois, pour être recevables, sont déposées par vingt députés. Les projets de lois sont présentés en Conseil des ministres après avis du Conseil d'Etat, puis déposés par le chef du gouvernement à l'Assemblée populaire nationale». Cette proposition de loi est signée par des députés indépendants, du MSP, d'El-Islah, du Mouvement de la jeunesse, de l'ANR, d'Ennahda, du FLN, du Front national algérien et du mouvement El-Infitah. De son côté, le président du Conseil de la nation, M. Abdelkader Bensalah, a appelé hier l'ensemble des citoyens à faire face à toutes les manoeuvres visant la stabilité du pays et sa dynamique de développement, soulignant la nécessité de tirer les enseignements des événements «que nous avons vécus et qui se passent autour de nous». Evoquant les événements de janvier dernier, M. Bensalah a exhorté, dans une allocution prononcée à la clôture de la session parlementaire d'automne, les jeunes à éviter la «destruction» de «ce qui a été bâti grâce à l'effort et aux sacrifices des Algériennes et des Algériens». S'agissant des préoccupations soulevées par les jeunes, M. Bensalah a indiqué qu'il était contre la manière dont ces revendications ont été exprimées. Il a estimé, à ce propos, que les efforts accomplis par l'Etat en faveur de la jeunesse sont «considérables», regrettant toutefois que le dialogue avec cette catégorie de la société ait été «faible» ou «totalement inexistant».