A l'heure où la tension se fait de plus en plus persistante dans le monde arabe, où les populations revendiquent plus de démocratie et de libertés, l'Algérie ne pouvait déroger à cette lame de fond qui traverse la région. A l'heure où la tension se fait de plus en plus persistante dans le monde arabe, où les populations revendiquent plus de démocratie et de libertés, l'Algérie ne pouvait déroger à cette lame de fond qui traverse la région. Et c'est naturellement que le débat sur l'opportunité du maintien de l'état d'urgence dans notre pays qui refait surface, et au sein même des institutions, après avoir été une simple revendication des partis de l'opposition et d'organisations de la société civile. C'est ainsi que le site d'information Online TSA nous apprend qu'avant-hier, mardi, une vingtaine de députés issus de formations aussi diverses que le FLN, le MSP, El Islah, le FNA et des dissidents du RCD, ont déposé au bureau de l'Assemblée nationale un projet de loi portant sur la levée de l'état d'urgence en vigueur en Algérie depuis 1993. Certes, le quorum est atteint pour pouvoir déposer un projet de loi à l'APN, mais l'on se demande pourquoi il n'ya que 21 députés qui ont souscrit à cette initiative louable à plus d'un titre. «Le maintien de l'état d'urgence en vigueur depuis plus de 19 ans en vertu du décret législatif 93 02 du 6 février 1993 ne trouve pas de fondement au triple plan juridique, sécuritaire et politique », expliquent les députés dans l'exposé des motifs. Le projet de loi contient trois articles dont l'abrogation du décret 93 02 du 6 février 1993, l'adoption des textes réglementaires et législatifs pour régulariser la situation après la levée de l'état d'urgence. La question qui se pose aussi est : pourquoi les députés du RCD ne se sont pas associés à cette proposition, malgré le fait que l'abrogation de l'état d'urgence a toujours constitué une des revendications du parti de Saïd Sadi ? Reste à connaître, maintenant, la position du gouvernement, à propos d'un dossier sur lequel il refuse pour le moment toute concession. Comme l'a, une nouvelle fois signifié hier, le vice Premier ministre, M. Yazid Zerhouni, en marge de la clôture de la session d'automne du Parlement. Interrogé par les journalistes présents, l'ancien ministre de l'Intérieur reste fidèle à la position qu'il avait toujours défendue excluant la levée de l'état d'urgence. « Nous n'allons pas lever l'état d'urgence », a-t-il rétorqué. Zerhouni a, même réfuté les accusations selon lesquelles l'état d'urgence est utilisé par le pouvoir pour restreindre les libertés politiques et individuelles. «On n'a pas instauré l'état d'urgence pour restreindre les libertés », a-t-il dit. Selon lui, l'état d'urgence est un mécanisme qui permet une coordination entre les forces de sécurité et l'armée. L'ancien ministre de l'Intérieur a également affirmé que la marche du 12 février ne sera pas autorisée car les autorités redoutent des « dérapages ». « Nous avons tiré les leçons de la marche du 14 juin 2001 », a-t-il indiqué, en référence à la fameuse marche réprimée du 14 juin 2001 organisée à Alger par les Arouchs de Kabylie. M. Yazid Zerhouni a, par ailleurs, indiqué que la loi sur les « associations » sera révisée. Selon lui, cette révision va permettre d'agréer de nouvelles associations, sans préciser si les partis politiques en attente d'un agrément seraient concernés. Il faut dire que la levée de l'état d'urgence ne constitue pas une revendication des partis de l'opposition et de la société civile uniquement, puisque le comité des Nations unies sur les droits économiques, sociaux et culturels avait accordé une attention particulière à ce dossier, en publiant ses observations sur l'Algérie en mai dernier à Genève. Intégrant l'examen des pays dans le cadre de l'application du Pacte international sur les droits économique, sociaux et culturels (PIDESC), le comité onusien s'était interrogé sur le maintien de l'état d'urgence en Algérie depuis 18 années consécutives, recommandant au gouvernement algérien « de reconsidérer la nécessité du maintien de cette situation dans la mesure où il a un effet négatif sur la jouissance des droits économiques, sociaux et culturels ». Le vent de liberté qui souffle actuellement sur plusieurs pays arabes devrait inciter nos autorités à lever l'état d'urgence pour permettre aux populations d'exprimer leurs préoccupations par le biais des canaux traditionnelles de communications que les manifestations violentes et les actes répréhensibles.