La compagnie aérienne nationale Air Algérie va consacrer quelque 700 millions de dollars pour l'acquisition de nouveaux avions, a indiqué jeudi à Alger le PDG de la compagnie, M. Abdelwahid Bouabdellah. Dans un entretien accordé à la Chaîne 3 de la Radio nationale, il a également abordé la gestion interne, la question du Credoc et les possibilités de développement du champ d'action de l'entreprise. Abdelwahid Bouabdellah a précisé que «il n'y a pas une limitation du budget consacré au renouvellement et au renforcement de notre flotte». La compagnie aérienne nationale va réceptionner prochainement les quatre derniers Boeing 737 inscrits dans le cadre du programme de renforcement de sa flotte comprenant au total onze appareils. Il est question également d'acheter quatre appareils petits porteurs de 70 places, destinés à la desserte de régions enclavées, et sept gros porteurs de 250 places, ainsi que des avions pour les évacuations sanitaires. Ils s'ajouteront à la flotte actuelle de 42 avions. La compagnie algérienne ambitionne ainsi de transporter six millions de passagers à l'horizon 2014, contre 3,2 millions en 2008. Concernant le paiement électronique des billets de transport, M. Bouabdellah a indiqué que la compagnie a travaillé «durant plus d'une année, notamment avec le Crédit populaire d'Algérie (CPA) pour mettre en place une plateforme permettant l'achat, en dinars, des billets d'avion de la compagnie». Finalement, le projet n'a pas abouti. Aucune institution financière ne voulant, apparemment, prendre la responsabilité de s'engager sur ce dossier. C'est du moins ce que l'on peut déduire des propos du PDG qui s'inquiétant de l'issue du dossier se retrouve ballotté entre les uns et les autres : «Quand nous nous adressons à la Banque d'Algérie, on nous dit que c'est le ministère des Finances et vice-versa». Pour des codes des marchés spécifiques Exprimant une déception partagée, finalement, par tous les gestionnaires, le PDG d'Air Algérie a, de nouveau, critiqué le dispositif du crédit documentaire (Credoc) introduit par la loi de finances 2009. Tout en le critiquant, il a déploré qu'il fasse perdre de l'argent aux entreprises et que les seuls gagnants soient les sociétés étrangères qui délivrent les certificats de conformité. «Les pertes financières causées par le Credoc à Air Algérie se chiffrent en millions de dollars». Dans la foulée, il a également dénoncé les arrestations de cadres gestionnaires. Cette dénonciation intervient après l'annonce officielle de la décision présidentielle de dépénaliser les actes de gestion. «De nombreux gestionnaires ont été sévèrement punis pour avoir commis des erreurs insignifiantes et d'autres, innocents, ont été emprisonnés durant des années puis relâchés sans jamais être indemnisés ou réintégrés dans leurs postes»', a-t-il dit. Pour M. Bouabdellah, «beaucoup de chefs d'entreprises publiques ont été mis en prison à cause d'un code des marchés qui, en fait, ne concernait pas le secteur public. Il ne l'est devenu que récemment.» Il a suggéré avec insistance la nécessité d'élaborer plusieurs codes des marchés adaptés aux spécificités des secteurs et des entreprises. «Les négociations dans le cadre des passations de marchés sont souvent synonymes de risques de fraude. Or, le code des marchés le permet, à condition d'établir un cahier des charges sérieux et clair», a estimé le PDG d'Air Algérie. Au plan interne, le PDG d'Air Algérie a affirmé que la compagnie a recruté «1.000 personnes dans six wilayas» et que la «priorité sera accordée aux enfants des travailleurs pour certains postes». Cela, a-t-il précisé, n'a « aucune incidence sur la rentabilité de la compagnie», dont les effectifs actuels tourneraient autour de 10.000 salariés. Il a, par ailleurs, réitéré les promesses d'amélioration de la qualité des prestations d'Air Algérie, en reconnaissant la persistance des retards dans les aéroports. Bouabdellah l'Africain La question de la rentabilité de certaines dessertes est souvent posée, principalement celles du continent africain. Pour M. Bouabdellah, certaines destinations ne sont pas rentables pour Air Algérie, mais elles le sont pour l'Algérie. «Nous devons regarder vers le Sud en matière de solidarité et de fraternité africaines. Nous sommes tenus par une politique pro-africaine. On va continuer. L'Etat soutient certaines lignes telles que Ouagadougou et Bamako», a-t-il dit en relevant qu'en «Afrique, il y a tous les privés marocains, libyens, tunisiens et pas d'Algériens. Tout cela parce que les Algériens sont bloqués par la réglementation des changes et par la réglementation pour aller investir ailleurs. Il faut tout revoir en matière de changes. Nous, soit c'est rien, soit tout. Comme dans le cas de la dépénalisation de l'acte de gestion. Il faut aider les privés algériens à aller en Afrique. Il y a beaucoup d'argent à gagner ». Certes, il y a cette dimension économique et financière, et, il y a aussi cette profondeur stratégique qui s'est imposée naturellement depuis l'ère de la décolonisation. L'aurait-on oubliée?