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Mdina J'dida, le quartier des records
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 21 - 02 - 2011

S'il y avait un calcul à faire en matière de record de concentration de personnes dans un espace réduit, Mdina J'dida, ce très célèbre quartier commerçant de la ville d'Oran, aurait sûrement le privilège de figurer dans le livre des records. Record des visiteurs, mais record aussi de commerçants et de revendeurs en tous genres. Pendant toute la semaine et encore plus le vendredi matin et le samedi, on ne peut presque pas poser pied tellement la foule y est dense et serrée. On y vient de partout pour acheter ou vendre. Les «farracha», ces vendeurs ambulants qui étalent leurs marchandises à même le sol sont les plus nombreux, leurs étals gênent fortement la circulation, on joue au coude-à-coude et nombreux ceux qui, découragés par une telle marée humaine, rebroussent chemin dès l'entrée du quartier. Conjoncture oblige, l'Etat ferme désormais l'œil sur ce commerce informel qui occupe des milliers de gens. Les policiers ne sont pas loin, ils font leurs rondes en toute quiétude, n'intervenant que pour régler un conflit, séparer des bagarreurs ou attrapant un pickpocket en flagrant délit. «Nous voulons seulement travailler, gagner notre vie et faire vivre nos familles, nous ne voulons pas de problèmes. Il y a de bons jours, d'autres moins bons…», nous dit l'un d'eux. Par spécialités, sur ces étals situés juste devant Madrassat El Fallah on y vend du produit islamique qui va de la Aabaya, Djelaba, Balgha jusqu'aux parfums en passant par les mixtures dopantes (confiture de sanouj) et d'autres produits beaucoup plus cher (4.000 dinars) pour une mixture que les vendeurs en louant les vertus affirment qu'elle est miraculeuses et qu'elle protège contre toutes les maladies. On avance quand même pour voir les mêmes produits étalés et dont les marques inconnues révèlent néanmoins leur provenance chinoise. Ainsi, sur des étals : lunettes à 200 dinars l'unité et dont le danger pour la vue est évident mais les gens achètent, les montres de fausses marques et autres ceintures. Et dans les magasins qui leur font face, c'est le royaume du textile, tapisserie, «paradis de la mariée» avec tous les objets nécessaires à une dot, et elles sont nombreuses les femmes d'un certain âge qui viennent faire ici les achats pour organiser un futur mariage, ceci sans oublier les magasins de meubles, les restaurants, des gargotes plutôt, pour permettre aux nombreux visiteurs de prendre une pause avant de reprendre la procession. Tahtaha, l'esplanade de la révolution, qui divise le quartier en deux est également noire de monde. De l'autre côté, dans les ruelles débouchant sur le boulevard Zabana c'est le commerce du textile qui est roi. Tous les jeunes qui veulent s'acheter un survêtement de luxe, une espadrille ou un pantalon doivent passer par cet endroit. Là aussi les vendeurs ambulants chacun un objet à la main sont là debout attendant l'acheteur potentiel. Le marchandage est également roi parmi des badauds qui en même temps achètent et vendent, question de se faire un peu de marge. Vendeurs d'oiseaux tout près du musée c'est tout un monde et son vocabulaire. Vendeurs de bicyclettes de motocycles, de fleurs, de livres, de jeux vidéos, de films en CD… tout un monde en miniature. Trig Essiagha, c'est l'or que l'on vend et que l'on achète, un vrai marché et une bourse en quelque sorte qui fixe chaque jour le prix. Les acheteurs sont aussi nombreux que les vendeurs qui se contentent d'un petit étalage vitré pour exposer leur marchandise, ou tout simplement leurs bras et leurs mains pour étaler les bijoux et, bien entendu, l'incontournable chaise pliante. Mdina J'dida est ainsi faite, tout s'y vend et tout s'achète. Même les murs ont un prix.
Un commerçant ayant un magasin ne loue pas un pan de mur à un ambulant à pas moins de 30.000 dinars mois. Et même les habitants qui ont des demeures louent des petits couloirs aux commerçants ambulants pour qu'ils puissent ranger leur marchandise en fin de journée. Parler des prix de vente des fonds de commerce relève de l'inimaginable. Les transporteurs, les vendeurs ambulants de casse-croûte, les diseuses de bonnes aventures, les voleurs à la tire, les marchands de café et de thé ambulants… une véritable ruche où chacun dans son rôle vient prendre sa subsistance dans l'un des quartiers les plus mythiques d'Oran.

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