La réactivation de l'interdiction de la circulation des poids lourds et engins de travaux publics à l'intérieur du tissu urbain de la ville d'Oran entre 6 h du matin et 20 h du soir, annoncée jeudi par les autorités locales, relance le débat sur le projet du parc des poids lourds d'El-Kerma qui reste depuis mai 2009 dans les tiroirs. L'interdiction de la circulation des poids lourds va buter sur de «nombreuses contraintes d'ordre technique», estime d'ores et déjà le président de la commission des transports de la commune d'Oran. La première contrainte est l'inexistence d'un parc pour poids lourds, une infrastructure nécessaire pour assurer un approvisionnement régulier des commerces et des unités industrielles situées à l'intérieur du tissu urbain. «Il n'existe pas un parc de chargement et de déchargement des poids lourds à Oran ou dans sa périphérie immédiate. Cette infrastructure est indispensable pour approvisionner la ville», affirme notre interlocuteur, joint hier par téléphone. La ville d'Oran a besoin d'un réseau de distribution performant, à l'exemple des grandes métropoles, pour garantir une meilleure fluidité du trafic automobile. Après le déchargement de cargaisons dans ce parc, les véhicules utilitaires (fourgons, camionnettes et autres) auront la mission d'alimenter les unités industrielles et les commerces de la ville. Le futur parc devait être aménagé sur un terrain de 7 hectares situé à Haï El-Amel, aux abords du relais de l'aéroport d'Es-Sénia. Il s'agit de réaliser une aire de stationnement équipée d'une clôture, de sanitaires et d'un gardiennage 24h/24h dans le souci de mettre un terme à l'anarchie en matière de stationnement des poids lourds à Oran. La gestion de ce futur parc devait être accordée par voie de concession à un privé. Le projet avait été décidé par l'ancien wali à la suite de la propagation des aires de stationnement anarchique à Oran et dans sa périphérie immédiate, à l'exemple de Bir El-Djir, Canastel, Haï Nedjma, Haï Bouamama Le futur parc poids lourds disposera d'un emplacement stratégique avec un accès sur la RN4, l'autoroute Est-Ouest et la zone industrielle d'Es-Sénia. L'emplacement autorise également les poids lourds de relier le port d'Oran en une vingtaine de minutes par le relais de l'aéroport via le rond-point d'El-Bahia ou par le 4e périphérique via Haï El-Sabah ou le rond-point de Canastel. L'idée de doter la wilaya d'Oran d'un parc poids lourds n'est pas récente. Il y a cinq ans environ, la daïra de Bir El-Djir avait entamé l'aménagement d'un parc près du rond-point de Canastel dans le souci de réglementer le stationnement des poids lourds dans cette zone. Le projet avait été toutefois abandonné suite à un litige sur la nature du terrain. Autre obstacle à la mise en vigueur de cette interdiction de circulation des poids lourds est l'existence de nombreux chantiers en cours dans le tissu urbain de la ville. «La ville est devenue ces dernières années un chantier ouvert. Ces projets ont besoin des poids lourds pour l'approvisionnement en matériaux de construction et en béton. Il faut aussi penser au problème de collecte des ordures ménagères», déclare la même source. A ce propos, des sources bien informées à la wilaya relèvent que les camions de transport de carburant, de produits alimentaires ou de matériaux de construction pour des projets d'utilité publique pourront bénéficier, à titre exceptionnel, d'un permis de circulation limité dans le temps. Dans ces cas «exceptionnels», les propriétaires de véhicules, pour éviter toute pénalité, doivent absolument être munis d'un permis de circulation limité dans le temps, qui leur sera délivré par les services de sûreté territorialement compétents. Il est à noter que les derniers résultats du recensement économique avaient dévoilé que près de la moitié des unités économiques et industrielles de la wilaya se trouvent à l'intérieur du tissu urbain de la ville. Sur 50.300 unités recensées, plus de 27.000 activent à Oran.