Rachid Harraoubia, le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, au cœur de la tourmente, depuis près de trois mois, est revenu, hier, sur la marche estudiantine prévue pour aujourd'hui à partir de 11h, à Alger, de la place du Premier Mai jusqu'au Palais du gouvernement. Tout en affirmant que les cours se déroulaient normalement au niveau des universités et centres universitaires du pays, le ministre reconnaît que le problème persiste au niveau des Grandes Ecoles. Une déclaration faite à la presse, en marge des travaux du colloque international sur les sondages d'opinion et les mesures d'audience en Algérie, à moins de vingt quatre heures de la tenue de cette marche voulue « millionnaire » par la coordination nationale autonome des étudiants, qui représente plus de vingt facultés et Ecoles supérieures à travers le pays. Au cœur de la contestation estudiantine, outre le rejet du décret présidentiel du 15 décembre 2010 portant sur l'équivalence des diplômes universitaires LMD, l'unification de la carte d'étudiant, le maintien des systèmes classique et LMD en laissant le libre choix aux étudiants, la valorisation des diplômes universitaires, entre autres revendications. Au sujet des écoles, le ministre de tutelle a rappelé l'accord portant sur « la création d'une commission technique chargée de l'examen des contenus de certains diplômes », une déclaration qui répond certainement à celle des étudiants des grandes écoles qui avaient saisi, dernièrement, par courrier le ministère pour demander la concrétisation sur le terrain de la décision de Harraoubia de confier l'examen des passerelles dans les grandes écoles à un comité d'experts nationaux et internationaux. A propos des nationalités engagées pour ce processus, le ministre, tout en soulignant que cette commission est en cours de création, évoquera la participation d'un groupe d'experts français, canadiens, américains et britanniques. Il affirmera qu' «aucune partie ne peut prendre une décision relative au diplôme universitaire sans consulter les compétences du secteur». Cette commission apparaît, aujourd'hui plus que jamais comme le consensus recherché pour mettre fin à la crise des grandes écoles puisqu'il a appelé les étudiants de certaines écoles à patienter jusqu'à l'annonce de ses conclusions. A propos de la marche d'aujourd'hui, le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, a exhorté les étudiants à ne pas sortir dans la rue, leur promettant au passage d'ouvrir le dialogue et d'appeler au débat pour discuter des questions pédagogiques, scientifiques et sociales liées à l'université. Pourtant, malgré toutes ces promesses, les étudiants restent mobilisés et la coordination nationale autonome des étudiants, sensibilisait jusqu'à hier, l'ensemble des étudiants à travers le pays sur l'importance de la marche. De nombreuses villes, à l'image d'Oran, d'Alger, Béjaïa ou encore de Sidi Bel-Abbès ont connu des manifestations estudiantines dispersées souvent dans la brutalité par un important dispositif sécuritaire qui sera certainement au rendez-vous pour ce matin. Par ailleurs, M. Harraoubia a rappelé les décisions de la conférence nationale des recteurs des universités tenue le 27 mars avec la participation de 120 étudiants représentant l'ensemble des universités du pays, qui a été sanctionnée par 11 décisions. Une conférence tronquée qui n'aurait pas donné satisfaction aux étudiants d'où leur décision de transposer leur mécontentement sur la voie publique. Rappelons que les recommandations de cette conférence prévoient, entre autres, l'évolution séparée du système d'enseignement supérieur classique et du nouveau système LMD et l'ouverture d'écoles doctorales notamment dans les spécialités accusant un manque en matière d'encadrement pour ce qui est du système classique.