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Tiaret: L'espace public «privatisé»
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 16 - 05 - 2011

A Tiaret, l'espace public est «privatisé» au point que personne n'a plus le droit de marcher sur un trottoir, garer sa voiture devant un magasin ou même emprunter une ruelle «obstruée» par des riverains avec des objets de toutes sortes pour empêcher toute personne d'y accéder. Le tout au vu et au su de tout un chacun, y compris les représentants de l'autorité publique. «Mais que se passe-t-il dans une ville qui comptait parmi les plus coquettes en Algérie il y a à peine une trentaine d'années ?», vocifère d'une voix fluette, une tempe grise, se cachant la tête avec un journal pour se protéger d'un soleil dardant en ce samedi matin. Une situation «ubuesque» qui excède les habitants qui ne cessent de se plaindre à qui de droit sans trouver une oreille attentive. Le spectacle le plus atterrant est celui du populeux quartier de «Volani» où une «forêt» de charrettes appartenant aux vendeurs à la sauvette sont placées n'importe comment sur la chaussée, empêchant et les automobilistes et les piétons d'accéder à cette rue commerçante grouillante de monde. La chaussée, les trottoirs, les moindres coins et recoins tout autour du marché des fruits et légumes sont squattés par les vendeurs à la sauvette qui se permettent même l'outrecuidance d'accrocher leurs produits aux portes des institutions publiques et autres habitations privées. De l'autre côté de la ville, des échelles, des caissons en plastique et autres objets hétéroclites, comme c'est le cas pour la rue Emir AEK (ex-rue Bugeaud), sont placés devant les devantures des magasins pour empêcher tout véhicule de stationner, quitte à en arriver aux mains. Samedi, un conducteur d'une camionnette de livraison et alors qu'il voulait livrer un client a été empêché par la force par un autre commerçant qui ne voulait pas que le véhicule gare devant son commerce. Résultat : le livreur blessé et le commerçant arrêté par la police.
«Il n'y a plus aucun endroit à Tiaret qui ne puisse pas appartenir comme une propriété privée à X où à Y, au point où même les entrées des mosquées sont occupées par des commerçants qui veulent à tout prix écouler leur camelote, quitte à vous harceler jusqu'à ce que vous mettiez la main à la poche», témoigne Djillali qui vient de rentrer d'Allemagne après tente ans passées au pays du Khin. Un autre citoyen n'en revient toujours pas après être tombé nez à nez avec un vendeur ambulant de lunettes de soleil à l'intérieur même du hall de l'hôtel de ville, en plein cœur de Tiaret. Mais la situation prend carrément les allures d'une cour du roi Ibn lorsque des employés affectés aux guichets de certaines institutions publiques «racolent» les citoyens en leur proposant qui un imprimé «introuvable», qui un pantalon, qui une paire de chaussures made in à un prix défiant toute concurrence !
«Après tout, je préfère un jeune qui vend des produits à la sauvette pour gagner un peu d'argent qu'un autre qui vient me mettre son couteau à la gorge pour me soulager de mon téléphone portable», commente un rien ironique un enseignant universitaire pour qui la «paix sociale n'a pas de prix».


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