Réagissant aux menaces du ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Djamel Ould Abbès, qui avait indiqué lundi à Alger que des «sanctions» allaient être appliquées à partir d'hier, mardi, à l'encontre de tout médecin résident poursuivant le mouvement de grève, le docteur Sid Ali Merouane, membre du collectif autonome des médecins résidents algériens, joint par téléphone, a tenu à réitérer derechef les «certitudes» du collectif quant à la justesse de leurs revendications. «Ce ne sont pas les menaces et les intimidations qui nous feront changer d'avis. La poursuite de la grève a été unanimement décidée et nous la continuerons jusqu'à la satisfaction de tous les points contenus dans la plate-forme revendicatrice». Le ministre, en évoquant «des ponctions sur salaire» et un énigmatique «en marge de l'université et des hôpitaux» qui sonne comme un solennel avertissement de renvoi, a exhorté les médecins résidents à reprendre le travail «immédiatement». «On est un collectif autonome pas un syndicat avec une structure pyramidale et s'il veut poursuivre quelqu'un, il doit le faire pour les 6000 et plus de résidents en grève», dira notre interlocuteur en insistant sur la fermeté du collectif qui ne compte pas baisser les bras jusqu'à l'agrément de toutes leurs revendications y compris celles ayant trait au volet pédagogique. «Nous voulons des garanties sur le point du caractère sanctionnant les examens intercalaires car malgré les assurances du ministre certains directeurs pédagogiques ont clairement affirmé ne pas suivre les instructions de Ould Abbès», explique Sid Ali Merouane. A propos des salaires, le ministre de tutelle s'est interrogé sur l'exigence des médecins de percevoir leur paie alors «qu'ils sont dans une situation de grève illégale». Quant au statut particulier du corps des médecins résidents, Ould Abbés qui a fait savoir que la commission chargée de plancher sur ce volet «a pratiquement achevé son travail qui doit être confronté à celui effectué par la commission des médecins résidents», notre interlocuteur soulignera que la commission des médecins résidents n'a pas encore rendu sa copie et qu'elle est toujours en phase de travail. Rappelons que le statut finalisé sera soumis au gouvernement avant la date butoir du 30 juin. En revenant sur le problème des salaires qui seront alignés sur ceux des médecins spécialistes, selon le ministre, le collectif a tenu à rappeler que cet aspect est seulement l'un des points contenus dans la plate-forme et qu'il n'en est pas l'essentiel. S'agissant du service civil obligatoire, dont l'abrogation constitue la principale revendication des médecins résidents, le ministre a annoncé l'installation officielle d'une «commission de sages», dimanche prochain, en vue d'une «possible» révision de cette mesure. Une déclaration qui n'est pas du goût des contestataires qui persistent à vouloir abroger le caractère obligatoire du service civil. «On demande la mise en place de moyens matériels et humains adéquats, la disponibilité d'un logement de fonction décent et également des mesures financières incitatives supplémentaires pour les résidents qui pourront alors choisir, de leur propre gré au vu des avantages offerts, de pratiquer dans les régions enclavées. Cela ne sera peut-être plus pour une année mais le médecin peut s'installer dans ces zones pour un réel plan de carrière», développera le docteur Sid Ali Merouane qui ajoute que «tant que le ministre n'a pas donné clairement son accord de principe pour l'abrogation du service civil, la grève, entamée depuis le 28 mars, continuera». Outre l'abrogation des lois et décrets relatifs au service civil obligatoire des médecins spécialistes et du service militaire, les grévistes exigent la révision du statut actuel du résident, la réévaluation de leur rémunération mensuelle et la révision de la prime de garde à hauteur de 4.000 DA au lieu de 690 DA.