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Hichem, gardien de Porsche pour 17 000 DA/mois
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 24 - 05 - 2011

Il travaille la nuit. Et touche 2000 dinars de plus que ses collègues car il amène son propre chien. A 24 ans il a choisi la sécurité de l'emploi. La société de gardiennage qui l'emploie croule sous les candidatures. Pour se consoler il peut regarder les dernières venues dans les show-rooms. Des Porsche à plus de mille fois son salaire. S'il avait l'argent, Hichem achèterait une flotte de… petits utilitaires chinois. Portrait entre deux rondes.
Chez le représentant officiel de la marque automobile allemande la plus vendue au monde, que l'on peut voir en roulant sur l'autoroute de Ben Aknoun, il y a plusieurs showrooms vitrés, estampillés des prestigieux logos qui font rêver plus d'un, des garages de maintenance et même une pompe à essence… mais pas un café ni un fast-food à des kilomètres à la ronde. Hichem est debout, il fait face aux barrières entourant le parking, son travail : demander aux automobilistes qui quittent la pompe à essence de ne pas se garer à côté des haies métalliques pour ne pas bloquer la vue de l'exposition en plein air des nouveaux modèles de véhicules utilitaires de la marque. Cette marque que jadis on appelait la "voiture du peuple". Aujourd'hui, le peuple doit débourser au moins 1 400 000 dinars pour s'offrir le moins cher de ses modèles. Hichem est salarié ici pour 17 000 dinars par mois. Il tient à préciser que c'est parce qu'il a son propre chien que la société lui paie 2 000 dinars de plus que les autres gardiens qui, eux, plafonnent, pour la plupart, à 15 000 dinars.
Le DRH a une longue liste d'attente…
«Je fais un remplacement ce matin, tu sais, on est comme le liquide pour les radiateurs, on nous met quand ça manque. D'habitude je travaille la nuit, en général je suis garde-chien, j'ai mon propre chien et je travaille de 16 h jusqu'à 8h du matin», prend le soin de nous expliquer Hichem dès qu'on se présente à lui, puis il ajoute: «écris, écris, ça ne servira pas à grand-chose pour changer la situation, mais sait-on jamais». A vrai dire, notre jeune gardien qui a 24 ans a une chienne, il fait de l'élevage, «ça me permet d'avoir un peu d'argent, un mâle rapporte 18 000 dinars, une femelle environ 15 000». Pour les autres gardiens, quand ils ne sont pas aux postes près des showrooms, ils sont au parking, un grand terrain vague poussiéreux en été, boueux en période de pluie, à gérer le manque de place et des clients pas toujours contents de faire dix fois le tour du parking pour trouver où se garer.
Hichem a très vite de la compagnie, un collègue gardien, la quarantaine qui dès qu'il apprend la présence d'un journaliste, s'empresse à son tour de vider son sac : «Ici, les gardiens sont très mal payés, pour nous les veilleurs de nuit, on nous a ajouté quatre heures de travail de plus. On croyait qu'on allait être augmentés, mais walou, rien, et t'as pas intérêt à réclamer, le DRH te sortira la longue liste d'attente des demandes d'emploi».
- «Mais pourquoi tu travailles ici alors?» interrompt Hichem, amusé, «toi qui travaille comme chauffeur clandestin». «C'est plutôt à toi qu'il faut poser la question», rétorque le quadragénaire, «tu n'as que 24 ans, à ton âge je retournais le monde». Toujours amusé de voir son collègue parler comme «à la télé», Hichem lui assène : «Pour la même raison que toi mon ami, l'assurance… Arrête de la ramener, soi gentil et va nous chercher des sandwichs».
En dehors, des distributeurs automatiques de café, petits gâteaux secs et chocolat (aux prix relativement élevés, car destinés aux clients dans la salle d'attente), les gardiens n'ont rien à se mettre sous la dent s'ils n'apportent pas leur déjeuner avec eux.
Garde-chien, c'est tout de même moins épuisant que manœuvre
Hichem a quitté l'école en 7ème année moyen. Son père, fonctionnaire, est décédé il y a quelques années de cela. Son frère est maçon et c'est lui qui couvre les dépenses de la mère et des sœurs. «J'ai commencé par faire le manœuvre pour mon frère, c'est un métier difficile où tu ne gagnes pas beaucoup», se souvient Hichem, «mais à la mort de mon père, avec l'argent de l'assurance, ma mère nous a aidés mon frère et moi à acheter un petit véhicule utilitaire de la marque DFM, rien de bien spectaculaire, on vendait des fruits et légumes dans mon quartier à Ain Bénian. Mais ça devenait trop compliqué avec les policiers, alors mon frère est retourné à son métier et moi, grâce à mon élevage de chiens, je me suis trouvé ce boulot de nuit, j'ai su qu'ils (l'entreprise de gardiennage privée) cherchaient des gardes-chien, j'ai postulé. La journée je bricole avec le fourgon».
Y compris pour faire le garde, le recrutement a été une galère de paperasses pour Hichem, «l'entreprise qui nous emploie demande un gros dossier, avec deux casiers judiciaires à retirer». Lorsqu'il est allé retirer le sien, Hichem qui croyait qu'il n'avait rien à se reprocher a découvert qu'il avait eu, par le passé «des démêlés avec la justice», raconte-t-il en rigolant. Il leur a dit qu'il «n'avait pas la tête d'un criminel» mais il a fini par tout de même aller au tribunal, «face à une juge et tout, elle a fini par m'acquitter… pour une histoire d'assurance de mobylette que j'avais eue il y a plusieurs années».
Dans la concession on vient d'ouvrir un nouveau showroom : les voitures de sport Porsche. La moins chère des voitures exposées (4 sont disponibles) coûte plus d'un milliard et demi de centimes, soit 1 000 fois la paye mensuelle de Hichem. Quand on le lui fait remarquer, Hichem lâche un soupire et dit : «si j'avais cet argent, j'irais m'acheter toute une concession d'utilitaires Sokon… dire qu'il y a un client qui vient d'en commander 20 d'un coup».
Comme pour sa mini-fourgonnette de la marque DFM, Sokon, une autre marque asiatique, propose des utilitaires à moins de 800 000 dinars, qu'on achète, parfois, au prix d'une assurance-vie…«bricolée».


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