En une seule matinée, la commission Bensalah a reçu hier Abderrahmane Akif et Abdelkader Merbah tandis que dans l'après-midi, c'était à Maître Farouk Ksentini d'être entendu. Il faut admettre que les deux premiers personnages ne se manifestent que rarement sur la scène politique. Ils le font surtout lorsque le pouvoir décide d'entreprendre des élections ou d'animer des shows politiques. C'est le cas aujourd'hui en ces temps de consultations politiques menées au rythme d'un programme précis mais «coloré» par des politiques tous azimuts et étalé sur près d'un mois et demi. Une période qui permettra de réajuster pas mal de positions que ce soit du côté du pouvoir ou de celui des personnalités et partis politiques invités. Louisa Hanoune a ouvert le bal lundi lors de sa séance de consultation en mettant au placard sa demande d'une assemblée constituante. Premier à avoir été reçu hier, Abderrahmane Akif, le président du mouvement national pour la nature et le développement (MNND). Il semble qu'il n'avait pas grand-chose à dire comme ça été le cas pour l'ancien chef du gouvernement, Sid Ahmed Ghozali reçu dimanche matin. Tous les deux sont restés à peine une demi-heure avec les membres de la commission nationale de consultation. Akif a déclaré leur avoir remis un écrit de ses propositions. Il en a dévoilées quelques-unes à la presse. Entre idées phares qu'il défend, son refus du deux poids et deux mesures du pouvoir à l'égard des partis politiques. «La loi les a agréés, ils doivent avoir la même liberté et les mêmes principes démocratiques que les partis qui sont privilégiés,» a-t-il dit. Son reproche est que la loi sur les partis porte en elle des obstacles qui empêchent certains partis de participer à toutes les élections. «Chaque parti qui a un agrément doit avoir le droit de participer aux élections, la Constitution le lui permet mais des articles de la loi sur les partis lui mettent des obstacles,» a-t-il fait remarquer. Il dénonce aussi le fait que ces partis ne bénéficient pas de la même couverture médiatique comme c'est le cas des «grands partis» lorsqu'ils participent ou organisent des rassemblements». Il défend la liberté de la presse mais il estime que «le journaliste doit exercer son métier dans le cadre d'une loi, parce que parfois il est attribué des propos à une personne alors qu'elle ne les a pas dit,» a-t-il expliqué à sa sortie de sa consultation. Pour lui, le code de wilaya donne d'énormes prérogatives au wali «plus qu'un ministre alors que c'est le PAPC qui doit avoir des missions importantes parce que c'est lui qui s'occupe de sa commune et qui initie des projets.» Il n'apprécie pas que la participation de la femme soit soumise au quota de 30% «La femme a la liberté absolue pour choisir dans quelle liste elle veut être et c'est le peuple qui décide,» estime le président du MNND. Il conclut sa déclaration à la presse en affirmant que «les décisions du président de la République sont bonnes, je le jure que si seulement on les appliquait, on aurait réglé nos problèmes.» Le président du RPR, Abdelkader Merbah, est resté plus longtemps avec la commission Bensalah, plus d'une heure et demie. Il a commencé par souligner à la presse que «nous affichons notre volonté d'accompagner Mr le président de la République dans le changement qu'il veut opérer et nous n'acceptons que ce seul mot.» Il veut le changement au lieu des réformes parce que estime-t-il « on ne peut pas avancer quand les instruments et les ustensiles sont sales, il faut les nettoyer avant toute chose. On ne peut faire du nouveau avec du vieux.» Il affirme à l'attention du chef de l'Etat qu'«il peut compter sur nous pour construire l'Algérie, mais si on tombe dans du bricolage, ce n'est pas nos valeurs.» Pour lui «le message de notre peuple est clair, nous n'avons pas le droit de le trahir. Il veut plus de liberté, plus de démocratie, plus de multipartisme et une plus large liberté d'opinion.» Merbah s'inscrit dans la dynamique du changement mais «pour la loi électorale et celle des partis politiques, c'est trop tôt, on ne peut avoir des enfants sans mère.» Il veut alors commencer par la révision de la Constitution. Il dit par ailleurs aux journalistes «nous avons plaidé votre cause parce que nous considérons que vous êtes l'instrument de contrôle le plus prestigieux.» S'il a tenu à exprimer son avis sur le changement c'est, dit-il «pour ne pas ouvrir la porte à ceux qui sont sortis par la fenêtre.» Dans l'après-midi, la commission a reçu Maître Mustapha Farouk Ksentini, président de la Commission nationale consultative pour la protection et la promotion des droits de l'Homme (CNCPPDH). Aujourd'hui, elle consultera Ali Boukhazna, président du mouvement pour l'entente nationale (MEN). L'après-midi, Bensalah sera au Conseil de la Nation pour les travaux en plénière. L'on susurre que demain matin, ce sera le tour de Khaled Nezzar mais la commission n'a jusqu'à hier, pas encore eu de confirmation.