Une centaine d'habitants de Tichy, station balnéaie sur le littoral Est de Béjaïa, ont observé un rassemblement pacifique, jeudi dernier, devant le siège de la sûreté de daïra, pour réclamer, une nouvelle fois, des pouvoirs publics de «mettre un terme à la prostitution». Les jeunes protestataires ont bloqué la route nationale n° 9 reliant Bejaïa à Sétif et à Jijel sur un seul sens, gardant l'autre voie ouverte à la circulation. Ce n'est pas la première manifestation du genre dans cette zone balnéaire. Les manifestants ont déjà eu à fermer à plusieurs reprises la route nationale pour réclamer «le départ des travailleuses du sexe» des discothèques implantées tout au long de ce littoral. Cette fois-ci encore, les manifestants ont déployé des banderoles sur lesquelles a été réitérée leur revendication liée à la préservation des mœurs dans cette région réputée être conservatrice. Les habitants protestataires soulignent «le caractère pacifique de leur action qui n'est nullement dirigée contre l'activité commerciale des hôtels ou autres lieux de débits de boisson, mais uniquement contre la prostitution et ses effets corollaires». Un des manifestants a dénoncé «l'attitude du patron d'un établissement hôtelier qui avait fait usage de son arme contre la population de Tichy qui ne défendait que le respect et la dignité d'une ville». Les protestataires excluent toute appartenance à «un quelconque mouvement islamiste», mais disent «réclamer l'arrêt du phénomène de la prostitution qui prend des proportions alarmantes dans cette zone du littoral». «Nous n'appartenons à aucun mouvement ni association. Nous sommes des citoyens qui luttent contre le tourisme sexuel», précise un des manifestants. Un autre protestataire se plaint: «On ne peut pas sortir en famille. Des travailleuses du sexe sortent de ces discothèques en tenues indécentes et transgressent par leur comportement nos traditions et nos mœurs», affirme-t-il, tout en disant «condamner le recours à la violence à la destruction des biens». Durant la nuit du 5 au 6 mai dernier, huit hôtels avaient été saccagés par des jeunes survoltés après le dérapage d'un rassemblement. Un rassemblement censé être pacifique a dégénéré cette nuit-là. Certains jeunes surexcités se sont attaqués à l'aide de pierres aux façades vitrées des hôtels et aux boîtes de nuit. Les véhicules qui étaient garés dans les parkings ont aussi fait les frais de la descente punitive des assaillants. Les manifestants imputent la responsabilité du saccage des hôtels «au laxisme des pouvoirs publics.» Les huit propriétaires d'hôtels saccagés ont déposé plainte contre 25 présumés auteurs «d'actes de destruction de biens privés». Cette mesure a été prise à l'issue d'une réunion, tenue le lendemain du saccage, par les propriétaires d'hôtels ciblés par les actes de saccage. «Nous sommes pour la préservation des bonnes mœurs, mais nous exploitons nos hôtels en toute légalité», se défend, de son côté, le gérant d'un hôtel.