Le tribunal criminel d'Oran a condamné hier un homme, quadragénaire, répondant aux initiales de B.H., à dix ans de réclusion criminelle pour coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort sans l'intention de la donner. Sa victime n'est autre que son voisin, A.M., 52 ans. A l'origine, c'est un conflit, somme toute anodin, entre ces deux agriculteurs habitant dans la localité de Aïn El-Kerma, qui prit une tournure dramatique. La victime avait une parcelle de terre en jachère. Un jour, son voisin (l'accusé) fit paître son troupeau de moutons dans cette terre. Pour lui, c'était un terrain inculte et non clôturé. Il n'y avait donc aucun mal à emmener son bétail dans ce champ pâturable. Le propriétaire du domaine, lui, ne voyait pas la chose de cet œil. Pour lui, c'était une terre cultivée, close et bien entretenue. Et même si elle était abandonnée, cela ne donnerait pas le droit à quiconque d'y mettre le pied, encore moins d'y faire le pâturage, estimait le propriétaire des lieux. Voulant faire justice lui-même, ce dernier a vertement réprimandé son voisin le berger, lui réclamant une somme d'argent ou quelques têtes de moutons en guise de dédommagement pour le préjudice causé. Mais le pâtre a refusé catégoriquement de payer le moindre sou de la «note de restauration», lui répliquant que ses bêtes ont mangé de l'herbe de la nature. Une altercation a alors éclaté entre les deux fellahs, laquelle s'est terminée par l'hospitalisation de celui qui réclamait indemnisation après avoir été roué de coups de gourdin. Partiellement paralysé à la suite de ses blessures, il en succombera six mois plus tard. A la barre, l'accusé a reconnu les faits qui lui étaient reprochés, soulignant toutefois qu'il s'agissait de coups et blessures réciproques. Et que l'intention de tuer était absente d'un côté comme de l'autre. La défense a plaidé la requalification des faits, non sans demander les plus larges circonstances atténuantes. Le représentant du ministère public, quant à lui, avait requis 15 ans de détention contre l'accusé.