Finalement et après bien des hésitations et une attente qui a duré six mois, les marchands informels ont été délogés jeudi matin du centre-ville de Constantine, notamment de la Rue Didouche Mourad (ex-Rue de France) qu'ils squattaient depuis le mois janvier dernier. Encadrée par un dispositif sécuritaire composé de plusieurs escouades du groupement d'intervention de la police et d'éléments de la gendarmerie nationale, l'opération qui a été déclenchée tôt dans la matinée n'a rencontré aucune résistance de la part des marchands. Au fur et à mesure de leur arrivée, ces derniers étaient invités par les services d'ordre à se rendre au site du polygone qui leur a été réservé pour mener leurs activités marchandes. « La veille du déclenchement de l'opération, nous avons été mis en état d'alerte », nous a expliqué un membre de l'APC. Et ce dernier d'ajouter qu'à partir de 21 heures mercredi dernier, et en présence des membres de la commission opérationnelle installée par le wali, ils ont commencé à préparer le terrain en démantelant toutes les installations mises en place par les marchands informels au niveau de la rue Didouche et de la place des chameaux (Rahbet Ledjmel). De ce fait, jeudi matin, l'ex-rue de France, au grand bonheur de ses commerçants réguliers et des habitants, a retrouvé le calme, la quiétude et la fluidité de la circulation puisque des véhicules légers ont recommencé à emprunter cette artère importante située en plein centre de la ville des rochers. Interrogé dans son magasin, un commerçant, aux anges, nous a répondu : « C'est une bénédiction de Dieu ! J'ai proposé à mes collègues de fêter désormais chaque année le 7 Juillet comme la journée de la libération de notre rue !» Mais sur le site de 1,5 hectare qui a été aménagé à la zone industrielle Palma pour accueillir les marchands informels, où une certaine effervescence a régné durant cette journée de fin de semaine, le ton n'était pas à la plaisanterie car de nombreux marchands informels ont protesté auprès du directeur du commerce et des responsables de l'UGCAA qui supervisaient l'opération d'installation parce qu'ils n'avaient trouvé pas leurs noms sur la liste officielle établie par la direction du commerce après le recensement effectué il y a quelques mois au niveau du centre-ville. « J'habite la rue Didouche Mourad depuis une quarantaine d'années et j'y exerce le commerce de vente de lingerie féminine, et j'ai été désagréablement surpris de ne pas trouver mon nom sur la liste, alors que j'ai été recensé comme tous les autres», a expliqué l'un de ces marchands, père de famille nombreuse qu'il fait vivre grâce à cette activité. Un autre, allant dans le même sens, prenant tout le monde à témoin, y compris des membres des services de sécurité, « parce qu'ils me connaissent parfaitement, a-t-il lancé, pour avoir été souvent victime de saisies qu'ils ont opérées à mes dépens!». Il assure être connu dans son métier par les trois quarts de la ville. « Malheureusement, a-t-il déploré, je suis exclu de la liste des bénéficiaires alors que des jeunes venus d'autres quartiers et même hors de la ville, y figurent». Ceci ne constitue que des échantillons des protestations des marchands délocalisés qu'ils ont, il faut le souligner, exprimées en toute civilité et dans le respect total des responsables auxquels ces protestations étaient adressées. Rencontré sur le site, où il était présent dès 7h du matin, a-t-il précisé, le directeur du commerce de la wilaya, M. Zidane Boularak, a soutenu que «l'opération se déroule dans de bonnes conditions. « Tous les prétendants qui n'ont pas trouvé leurs noms sur les listes ont été invités à déposer des recours sur place où un bureau a été ouvert à cet effet, a-t-il affirmé. Tous les recours seront minutieusement étudiés et ils pourraient être satisfaits dans la mesure où des places seraient disponibles sur le site. Aussi, nous avons ouvert huit stands pour accueillir les marchands qui sont inscrits sur les listes. Et suivant la spécialité, il est délivré à chacun un reçu d'affectation portant son nom, son activité et le numéro du carré qui lui a été attribué». Dans la foulée, le directeur du commerce a déclaré que ses services ont recensé environ 450 marchands répondant aux critères réglementaires et 233 autres qui n'y répondent pas. De son côté, le coordinateur du bureau de Wilaya de l'UGCAA, Boudjellal, a assuré qu'un bureau pour l'encadrement, l'orientation et l'assistance de ces commerçants afin de faciliter leur future intégration dans le circuit commercial légal, est prévu sur le nouveau site. Enfin, le volet concernant l'orientation, la désignation des carrés. L'installation a été prise en charge par les responsables des services communaux. A noter enfin que ces nouveaux commerçants ont été informés de la dispense de paiement des impôts pendant deux ans, comme cela a été décidé par les hautes autorités du pays.