Le ministre tunisien des Affaires étrangères Mohamed Mouldi Kéfi, qui a co-présidé, avec son homologue algérien Mourad Medelci, les travaux de la 6ème session de la Commission de concertation politique entre l'Algérie et la Tunisie, a achevé hier une visite de 48 heures à Alger. Cette visite, après celle de Béji Caid Essebci, chef du gouvernement de transition, a pris en fait, les allures d'une véritable concertation algéro-tunisienne sur la gestion de la crise libyenne. La situation évoluant de mal en pis en Libye, c'est en fait la Tunisie, affaiblie par sa Révolution qui supporte le poids de la guerre entre pro- et anti-Kadhafi. Avec son lot de dizaines de milliers de réfugiés qu'il faut nourrir et prendre en charge, et, surtout la menace d'une régionalisation du conflit, sous forme d'apparition de groupes armés incontrôlables, dont des groupes de terroristes d'Aqmi. La hantise d'Alger et de Tunis réside bien à ce niveau. Et, pour ramener la paix civile, le plus vite possible dans cette partie du Maghreb, les ministres des Affaires étrangères algérien et tunisien avaient estimé et affirmé samedi, que le dialogue politique reste la seule voie de sortie de crise en Libye. Ils ont souligné dans une conférence de presse, la nécessité de privilégier «le dialogue politique entre l'ensemble des parties libyennes» pour aboutir à une solution à la crise en Libye. Les deux parties ont appelé notamment à appuyer les différentes initiatives et efforts pour une «solution pacifique de la crise libyenne, avec comme toile de fond, la feuille de route de l'Union africaine (UA)», tout en exprimant leur opposition à l'option des armes pour régler ce problème. Pour le chef de la diplomatie algérienne, «la voie politique demeure la seule voie de sortie de crise», relevant que «la démonstration se fait un peu partout sur la vanité de la solution militaire». M. Medelci a, en outre, réaffirmé la nécessité de respecter les résolutions de l'ONU sur la Libye, notamment en ce qui concerne l'embargo sur les armes, après le largage d'armes de guerre par la France aux rebelles libyens. Un fait qui a hautement préoccupé les pays riverains, dont l'Algérie et la Tunisie, selon des observateurs. 'Ce qui vont faire l'histoire ce sont ceux qui aident les Libyens à reprendre le langage de la paix et pas ceux qui les aident à s'armer pour s'entretuer», a-t-il dit. Le ministre tunisien qui a salué les efforts déployés par l'Algérie pour le règlement du conflit libyen, s'est dit également en faveur d'une solution politique pour le règlement de la crise en Libye. 'La voie militaire n'est pas la meilleure solution, et elle ne sert ni la Libye, ni l'Algérie et la Tunisie», a affirmé le ministre tunisien. Les inquiétudes de la Tunisie sur la circulation d'armes de guerre à ses frontières avec la Libye, est ainsi à peine abordée par le ministre tunisien, qui n'a pas fait cas ouvertement des craintes des responsables tunisiens sur la présence de groupes d'Aqmi, lourdement armés sur le sol tunisien. Une préoccupation partagée par l'Algérie, qui surveille de près les mouvements suspects sur ses frontières avec la Libye. Sur le conflit au Sahara Occidental, il a souligné que 'nous souhaitons qu'une solution soit apportée le plus tôt possible à cette question, et nous attendons le prochain round de négociations qui, nous espérons, sortira de nouvelles idées plus constructives». Par ailleurs, l'Algérie et la Tunisie ont réaffirmé leur volonté d'élargir davantage leur coopération. «La coopération entre l'Algérie et la Tunisie est positive dans plusieurs domaines, comme l'énergie, le commerce (...) nous œuvrons à l'élargir à d'autres domaines comme le tourisme, ou la Tunisie possède une grande expérience», a indiqué M. Medelci. Il a salué les efforts déployés, de part et d'autre, pour le développement des relations bilatérales, «et qui se poursuivent, a-t-il souligné, malgré la situation que traverse la Tunisie» depuis la révolution de janvier dernier. «Nous enregistrons avec satisfaction que notre feuille de route de coopération est claire, les mécanismes efficaces et la tenue de différentes réunions, à tous les niveaux, pour concrétiser (ces efforts) sur le terrain». Le ministre tunisien des Affaires étrangères a salué, quant à lui, l'appui «moral et matériel» apporté par l'Algérie à la Tunisie, au lendemain de la révolution de janvier, se félicitant également de la qualité des relations bilatérales, dans tous les domaines, les qualifiant d'excellentes».