Le prix de la viande ovine ayant été abordable du moins jusqu'à la mi-juillet, où il connut dès lors une flambée à l'approche du mois de la miséricorde, la famille saïdéenne s'est gavée de méchoui, sacré « plat de l'été 2011». En effet, tous les évènements familiaux, de la réussite au bac au mariage, sont fêtés à l'agneau rôti au brasier en zone rurale, ou au four banal, en zone urbaine. Des bouchers se sont même spécialisés dans la préparation de ce plat succulent qui fait baver plus d'un, admet un diabétique contraint à la mesure. Egorgé, puis éviscéré, l'agneau est disposé dans le plateau consigné, remis par le préposé à la cuisson, un spécialiste du rôti, de l'avis unanime des clients. Préparé et salé en l'endroit adéquat, le méchoui viendra garnir la table des convives, dégageant une senteur qui chatouille nerveusement les marines de ceux frappés par l'interdiction d'en consommer. « Et c'est dommage », regrette un malade souffrant du cholestérol. Précédé de la chorba traditionnelle, et accompagné d'une salade verte et d'une dose d'oignon, le méchoui, fondant dans la bouche, se déguste à la pièce, au morceau et au grignotage des côtelettes qui s'effritent sous la dentition, même artificielle. Et le menu est clôturé par une seffa, du couscous sec et beurré à outrance et arrosé au petit-lait. Le dessert est souvent négligé, mais « le verre de thé veut demeure indispensable, car il signe l'addition d'un mets noble, propre, appétissant dont la notoriété a dépassé les frontières du pays », avoue un agriculteur sain et sobre. « Le coût d'un méchoui vaut celui d'un repas classique, autant éviter la surcharge domestique et honorer son assise », dira-t-il. Saïda aura vécu un bimestre de fiançailles, mariages et des célébrations de réussites scolaires et universitaires sur fond de méchoui, mais devrait se rabattre, dès août prochain, sur la volaille qui tire déjà de l'aile à la veille de ramadhan.