La conférence sur le partenariat, la sécurité et le développement entre les pays du champ et les partenaires extrarégionaux est «une grande riposte qui devra faire d'Alger la plaque tournante pour recentrer les enjeux dans la région». Prévue pour ces 7 et 8 septembre au Palais des nations de Club des pins, la conférence en question réunira les pays du champ qui sont l'Algérie, le Mali, la Mauritanie et le Niger, et plus d'un trentaine de pays considérés par ces derniers comme partenaires extrarégionaux en matière de lutte contre le terrorisme et le crime transnational organisé ainsi que dans le domaine du développement. Le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines a compté hier précisément 38 délégations constituées d'experts de la lutte antiterroriste, la lutte contre le crime transnational organisé et le développement, représentant le système des Nations unies, les partenaires bilatéraux, notamment les cinq pays membres du Conseil de sécurité, les bailleurs de fonds ainsi que d'autres organisations régionales. Alger recevra aussi à cet effet le commandant en chef de l'Africom, dont le siège est à Stuttgart, l'Américain Carter Ham, ainsi que de grands spécialistes des questions sécuritaires, à l'exemple de «Monsieur Afrique de l'Elysée», le Français André Parent, et le responsable britannique chargé de la lutte antiterroriste auprès du Foreign Office. Chargée de l'organiser par la réunion ministérielle des pays du champ, qui s'est tenue le 20 mai 2011 à Bamako, l'Algérie considère, comme nous l'a souligné Messahel en aparté, que «cette conférence est la grande riposte pour nous : Alger sera la plaque tournante pour recentrer les enjeux dans la région». Le détail sur l'organisation de cet événement, c'est donc le ministre délégué qui l'a donné hier lors d'une conférence de presse qu'il a animée à l'auditorium du nouveau ministère des Affaires étrangères, dont le siège, érigé sur le plateau des Anassers, surplombe la capitale. Le ministre délégué préviendra, dès le début de sa rencontre avec la presse nationale et internationale, qu'il ne répondra pas aux questions sur la Libye, parce que, a-t-il dit, «le ministre des Affaires étrangères en a parlé longuement la semaine dernière». «Il y a certainement des connections avec la situation en Libye» Acculé quand même par les journalistes, il se contentera de dire que «Les questions sécuritaires libyennes relèvent des autorités libyennes, nous les suivons avec intérêt, nous espérons à ce pays qu'il se normalise, nous avons tous besoin d'un Etat qui réponde aux standards universels de la gouvernance.» Messahel rappellera que «la Libye est concernée par la lutte antiterroriste». Il insistera pour dire que «ce n'est pas une conférence sur la Libye mais il y a certainement des connections». Il précisera alors qu'«Il s'agit de la première réunion du genre qui soit consacrée au partenariat dans la région du Sahel dans les domaines de la sécurité et du développement», avait-il expliqué. «Elle intervient à un moment particulièrement sensible pour la région, confrontée à un phénomène jamais égalé de circulation d'armes dans la sous-région et à la recrudescence des attentats terroristes». Il estimera qu'indépendamment de la définition du concept du terrorisme demandée par l'Algérie et sur laquelle la communauté internationale ne s'est toujours pas entendue, «il y a une stratégie qui se met en place, des résolutions onusiennes qui sont prises, comme la 1904 qui criminalise le paiement des rançons pour libérer des otages. Il y a aussi tout un arsenal juridique qui permet à des pays de s'intégrer dans la lutte antiterroriste». Il est convaincu qu'«à menace globale, riposte globale, notamment après que les connections eurent été établies entre le crime organisé et le terrorisme». L'Algérie souligne par la voix de son ministre délégué que «le phénomène nous intéresse, nous les pays de la région en premier : nous nous devons de développer des capacités de lutte nationales et régionales». «Tout le monde a compris que l'appropriation est fondamentale» C'est d'ailleurs dans cette optique que l'Algérie, le Mali, la Mauritanie et le Niger sont appelés «pays du champ», parce qu'appartenant au même espace où évoluent les groupes terroristes. «Ces pays font également face à la même menace et au même défi du développement, notamment au niveau des zones les plus enclavées», affirme Messahel. Pour l'Algérie, conformément au principe de l'appropriation, les Etats de la région assument la responsabilité de la sécurité et de la stabilité de leur région. Le ministre délégué reconnaît que «ça été difficile pendant des années d'essayer de créer des synergies entre les pays du champ. Mais après la réunion de mars 2010, tout le monde a compris que l'appropriation est fondamentale». Il s'en est alors dégagé une stratégie régionale que ces quatre pays ont mis en place sur la base de quatre dimensions, politique avec des réunions ministérielles institutionnalisées et tournantes (biannuelles), (la prochaine aura lieu à Nouakchott), une dimension militaire à travers le comité d'état-major opérationnel conjoint (CEMOC), une dimension sécuritaire à travers l'Unité Fusion et Liaison (UFL), et enfin une autre de développement à travers le lancement de microprojets au profit des populations dans les régions déshéritées et enclavées et de grands projets structurants, comme la route transsaharienne et les connections du réseau routier entre les quatre pays. Ainsi, chaque pays, explique-t-il, doit développer ses capacités nationales et contribuer au développement de celles régionales. L'Algérie apporte sa contribution à tous les niveaux. Cependant, continue-t-il de dire, «l'appropriation n'est pas antinomique ou incompatible avec la coopération. Etant un phénomène transnational, le terrorisme requiert une lutte internationale grâce à une coopération internationale organisée et structurée». Ce qui exige de la communauté internationale la reconnaissance des quatre pays du champ en tant que tels, et elle doit coopérer avec eux sur la base de trois fondamentaux, à savoir la formation, les équipements et l'échange de l'information. «Tout le monde est interpellé par le crime organisé, le trafic de drogue qui est un défi majeur pour l'humanité», dit-il. Ce qui implique «une logique de convergences entre les acteurs pour lutter contre ces réseaux». La conférence d'Alger veut être, selon ses organisateurs, ce point de jonction entre les pays concernés pour, indique Messahel, «nous rencontrer, nous concerter et échanger nos expériences».