Enfin, un responsable algérien, même s'il est président de l'APN, veut aller au bout de la logique ! Celle de la nomination d'une commission d'enquête pour faire la lumière sur les causes ayant entraîné les dramatiques événements de janvier dernier. M. Abdelaziz Ziari, président de l'APN, annonce que les conclusions de cette commission seront suivies d'effet. Mieux, M. Ziari, avec une grande liberté de ton, va jusqu'à suggérer, sans l'affirmer, que le rapport de cette commission d'enquête «pourrait être» publié. Il annonce également que le président sera le premier informé des conclusions de l'enquête qu'il avait diligentée en avril dernier. La prudence de la démarche du président de l'APN, pris dans le jeu des enquêtes parlementaires dénote une certaine frilosité à étaler au grand jour les grandes vérités qui font souvent mal. Mais, dans le même temps, il promet seulement que les responsables de ces évènements qui ont pourtant failli précipiter le pays dans les troubles «devront rendre compte devant leurs responsables, qu'il s'agisse d'entreprises publiques ou privées ( ), et voir exactement la nature de la faute». Les événements de janvier dernier, qui ont fait trois morts au moins et des dizaines de blessés, forces de l'ordre et manifestants, des dégâts considérables aux infrastructures, aux entreprises, et bloqué l'activité économique de la Nation pendant plusieurs jours ont failli précipiter l'Algérie dans l'inconnu. Cela nul ne pourra l'occulter aujourd'hui, maintenant que des régimes sont tombés et des pays occidentaux autoproclamés redresseurs de torts tirent des plans sur la comète pour intervenir en Algérie. On attendait en fait des déclarations plus osées, plus pertinentes de M. Ziari au sujet des conclusions de la commission d'enquête sur les causes de la brusque surchauffe des prix des produits de large consommation qui a mis le feu aux poudres. Une attitude timorée, alors que les vraies responsabilités dans ce qui s'est passé en janvier sont connues et répertoriées. Même si cette enquête «n'a rien à voir avec les troubles qui ont eu lieu», selon M. Ziari qui ne va pas au fond du problème. Car désigner au bout de quelques mois de travaux d'une commission d'enquête parlementaire des lampistes comme responsables d'une grave dérive, et laisser les vrais problèmes qui minent l'économie nationale sous le boisseau est également une autre fuite en avant. Sinon, pourquoi créer une commission d'enquête si les leçons ne sont pas bien apprises, et les responsables sanctionnés selon les lois de ce pays. Et puis, pourquoi tout ce temps, alors que les profits tirés de ces troubles ont été réinvestis dans d'autres filières, d'autres créneaux. Les événements se sont passés en janvier 2011, faut-il alors attendre en janvier 2012 des conclusions que tout le monde connaît déjà. Et pour quoi faire, puisque de toute façon, il n'y aura ni coupables, ni sanctions dissuasives ? C'est en fait dans l'humeur du temps, pour satisfaire des demandes effrénées de plus de démocratie, claironnées ailleurs. Comme par mimétisme de ce qui se fait ailleurs, sinon à dire qu'ici aussi on peut mettre sur pied des commissions pour enquêter sur n'importe quoi.