Tahar Benbaïbèche, l'ex-secrétaire général du RND du temps de la présidence de Liamine Zeroual, a signifié son retour sur la scène politique en présidant, samedi à Zéralda, l'assemblée constitutive de la nouvelle formation dont il est le fondateur : le parti Fedjr El-Djadid. Ce retour sur le devant de la scène d'un homme dont nos sources affirment qu'il est toujours resté dans la proximité et la fidélité à l'égard de Zeroual et de Mohammed Betchine, qui fut le conseiller tout-puissant du premier, est à suivre attentivement. Son initiative nous paraît en effet s'inscrire dans le cadre des grandes manœuvres qui se développent au sein du sérail politique, avec pour perspective l'élection présidentielle de 2014, laquelle, c'est une quasi-certitude, ne verra pas Bouteflika briguer sa propre succession. C'est un secret de Polichinelle que cette échéance hante d'ores et déjà l'esprit de certaines « pointures » du régime. Même s'ils s'en défendent, Ouyahia et Belkhadem y pensent presque à haute voix. La résurgence politique de Benbaïbèche peut alors signifier que l'éventualité des candidatures à la magistrature suprême de ces deux personnalités est en train de provoquer des mobilisations en vue de l'avorter. Seul, Benbaïbèche n'a pas la carrure pour mener à bien cette opération. Il faut peut-être voir dans son initiative le premier jalon préparatif à une candidature de poids, et dans cette optique ne pas écarter la possibilité pour ceux qui l'ont convaincu de la mettre sur rail, qu'elle s'incarne sur le nom de Liamine Zeroual. L'ancien président a apparemment renoncé à tout rôle politique et a coupé court à toutes les sollicitations qui ont voulu lui faire renouer avec l'exercice de l'engagement politique. Il n'est pas pourtant impossible qu'il soit travaillé au corps par tous ceux du système qui ne voient pas en Ouyahia et Belkhadem les candidats dont celui-ci a besoin pour assurer sa pérennité. Zeroual a laissé, à tort ou à raison, dans une grande partie de l'opinion, le souvenir d'un homme d'Etat sincèrement patriote, qui fut empêché de mener à bout la mission pour laquelle il fut appelé à présider aux destinées de la nation. Sa candidature ferait plus que de l'ombre aux personnalités du sérail politique officiel qui rêvent d'un destin national pour 2014. Qui plus que Zeroual en effet, parmi les éventuels prétendants du sérail, est en mesure de faire valoir le profil d'être à la fois en rupture avec les politiques économiques, politiques et sociales de son successeur et en totale opposition à la réinsertion de l'islamisme politique sur l'échiquier national, que ce dernier favoriserait, semble-t-il, souterrainement. Il ne faut pas s'empresser de rejeter l'hypothèse Zeroual au principe que les temps et les rapports de force ne jouent pas en sa faveur et que le concerné aurait définitivement quitté la scène politique et l'a ostensiblement fait savoir. Quand on a été une fois encensé en tant que recours salvateur pour la nation, l'on ne renonce jamais à l'ambition de revenir sous le même prétexte. Le système en tout cas aura beau racler le tiroir où il range ceux qu'il peut appeler à son secours, alors qu'il tangue sous l'effet de la contestation politique et sociale, il ne trouvera pas plus susceptible de faire illusion que l'ancien général-Président. Il nous semble que Benbaïbèche a été réactivé pour qu'il rappelle aux Algériens l'existence de Liamine Zeroual et prépare le terrain à son retour. Entre celui-ci et le tandem Ouyahia-Belkhadem, il n'y a pas photo pour nombre d'Algériens qui doutent que le recours à la révolte populaire soit la bonne voie pour l'Algérie.