Parce qu'il ne cache pas sa proximité idéologique avec les tenants d'un projet de société basé sur les valeurs de la religion, Abdelaziz Belkhadem focalise sur sa personne de féroces accusations et critiques dont le but vise à en faire l'épouvantail devant rendre inacceptable l'éventualité de sa candidature à l'élection présidentielle de 2014. L'homme fait peur parce que soupçonné de courtiser le courant islamiste et de travailler à la réhabilitation de l'ex-FIS dans le but de les compter parmi les partisans de son intronisation à El-Mouradia. Le secrétaire général du FLN n'a pas formellement exclu qu'il ne pense pas à être président à chaque fois qu'«il se rase le matin». Et parce qu'il entretient l'ambiguïté sur ses intentions, ceux qui ne souffrent ni ce qu'il représente ni la perspective de le voir accéder un jour à la magistrature suprême, se déchaînent contre lui à la moindre de ses déclarations ou de la plus banale péripétie politique dont il se retrouve être le protagoniste en sa qualité de premier responsable de l'ex-parti unique. Le jeu de massacre le ciblant est en train de prendre une autre dimension depuis qu'il s'est avéré que le «mouvement de redressement» né dans le FLN pour l'évincer du tremplin que sera pour lui son poste de secrétaire général du FLN, au cas où il s'aviserait de vouloir postuler à la présidentiabilité, n'a nullement ébranlé son autorité sur le parti. C'est désormais sur celui-ci que se concentrent les tirs de ceux pour qui le combat politique se résume au «tout sauf Belkhadem». Tout ce qui va mal dans le pays est ainsi imputé à ce FLN, dont on ressasse à nouveau que sa place est au musée de l'histoire. Le but de leur stratégie est évident : disqualifier le parti qui risque de servir de vecteur à la candidature de leur tête de Turc. Nous sommes de ceux qui pensent que la perspective que Belkhadem puisse accéder à la magistrature suprême n'a rien de réjouissant. Qui se battront pour éviter à l'Algérie qu'il en soit ainsi. Mais nous nous faisons un principe non transgressif de considérer que ce serait faire un nouveau mauvais coup à l'Algérie à s'en tenir à la théorie du «tout sauf Belkhadem». D'autres candidats potentiels à la présidentielle de 2014 ne sont pas plus ragoutants que le secrétaire général du FLN. Celui du RND, pour ne citer que lui, est tout aussi responsable avec son parti que le FLN et Belkhadem des déboires en tous genres subis par l'Algérie depuis plus d'une décennie. Il nous paraît par conséquent inquiétant qu'à travers certains commentaires et analyses, l'on sous-entende que l'éventualité d'une présidence d'Ouyahia serait moins nocive pour le pays que celle du barbe-FLN honni Belkhadem. Cela révèle de la part de ceux qui distillent le sous-entendu qu'ils se sont faits à la conviction que la présidentielle de 2014 ne laissera d'autre alternative aux Algériens que le choix entre «la peste et le choléra». C'est enterrer un peu trop vite la dynamique qui est à l'œuvre en Algérie, dont ceux qu'elle fédère de plus en largement revendiquent la fin des présidents sponsorisés par les «cabinets noirs» et le transfert du choix des magistrats suprêmes du pays à la seule autorité de la souveraineté populaire. Cette dynamique fera en sorte que cesse la mascarade qui se joue aux Algériens voulant leur faire accroire que le sort du pays est lié au duel FLN-RND et Belkhadem-Ouyahia.