Les travailleurs de la Société nationale de transport ferroviaire (SNTF) sont entrés depuis hier en grève illimitée pour revendiquer le paiement du rappel de la révision des échelons depuis 2009. Selon Sid Abdelkader, de la Fédération des cheminots, cette grève intervient après la journée de protestation du 3 octobre dernier «qui n'était qu'un avertissement». A l'issue de cette journée de protestation, «la direction générale de la SNTF, représentée par le DRH et le directeur régional ainsi que le secrétaire général de la Fédération des cheminots, ont paraphé un document dans lequel il est reconnu la légitimité de cette revendication », ajoute M. Sid. Ne voyant rien venir depuis cette date, les cheminots ont donc décidé de passer à la vitesse supérieure en déclenchant une grève nationale illimitée. Hier, aucun train de banlieue n'a démarré de la gare d'Agha (Alger). Les guichets étaient fermés. Même le standard téléphonique ne répond pas. Une réunion a eu lieu hier avec les représentants des deux parties. Selon Sid Abdelkader, «la direction reconnaît la légitimité de la revendication, mais elle se dit dans l'incapacité financière de satisfaire cette demande». Un autre représentant des travailleurs, Abdelhak Benmansour, cité par l'APS, affirme de son côté qu'il y a «un refus catégorique» de la part des responsables de la SNTF de satisfaire à cette revendication dont ils avaient admis les termes lors de la réunion du 3 octobre dernier». De son côté, le DRH de la société, Noureddine Dakhli, rappelle qu'un protocole d'accord a été signé entre la direction générale et la Fédération nationale des cheminots le 16 juin 2011, prévoyant une «augmentation de salaires de 5% avec un rappel à partir de janvier 2011». «Concernant le régime indemnitaire, nous avons convenu d'un moratoire. Cependant, la direction générale a été surprise, le 3 octobre, par une autre revendication exigeant un rappel non pas depuis janvier 2011 mais septembre 2009", a-t-il ajouté. La réunion d'hier n'a abouti à aucun accord. La grève est donc appelée à continuer jusqu'à ce qu'une solution soit trouvée. Des syndicalistes reconnaissent l'incapacité de la SNTF à assurer des rappels. Selon eux, «la balle est dans le camp des pouvoirs publics». On attend clairement du ministère qu'il débloque une subvention destinée, entre autres, à payer les incidences financières de la révision des échelons, opérée en 2009, pour certaines catégories de travailleurs des chemins de fer. LA GARE CENTRALE DE THENIA PARALYSEE De mémoire d'habitant de Thénia, jamais la paisible localité n'a connu pareille affluence. Et pour cause, la grève des cheminots a surpris étudiants et travailleurs, habitués au rail. Ces derniers ont eu l'énorme surprise, une fois arrivés à la gare centrale de Thénia, qui se trouve être la grande gare de transit pour ceux venant de l'est du pays et ceux de la Kabylie pour rejoindre la capitale. Se rabattant sur le bus et autres moyens de transport (taxis et même clandestins), les milliers de voyageurs dont de nombreuses familles n'avaient pas fini de souffrir, car les taxis ont fui la station et les bus rebroussaient chemin, la RN 5 s'étant retrouvée bloquée dès 6h30 du matin suite à un carambolage au niveau de la petite localité d'El-Louz, un camion ayant écrasé deux véhicules légers. Heureusement, et selon la Protection civile, il n'a été enregistré que des blessés légers. Cette matinée de dimanche, cauchemardesque pour les usagers, restera à jamais gravée dans les mémoires. Mais l'absurde dans tout cela est le débrayage non annoncé des cheminots qui, pour la deuxième semaine consécutive, observent une grève le premier jour de la reprise hebdomadaire, ne se souciant guère d'une clientèle estudiantine notamment appelée à des examens.