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La ville de Syrte assiégée : massacre à huis clos
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 18 - 10 - 2011

Le siège de Syrte se poursuit depuis un mois. Un drame immense qui suscite peu de réprobation
Syrte est sur le point de tomber. Assiégée de toutes parts, bombardée, soumise à un feu continu des forces du Conseil National de Transition et de l'OTAN, cette ville, à mi-chemin entre Tripoli et Benghazi, considérée comme le fief de Maammar Kadhafi, a été transformée en un immense champ de ruines.
Malgré les alertes à répétition, rien ne semble devoir épargner à Syrte un immense drame qui se déroule sous la surveillance de l'OTAN. Les groupes restés loyaux à Kadhafi se sont repliés dans la ville natale de l'ancien dirigeant libyen, où ils pensaient trouver refuge et appui auprès de la population, de la tribu, du clan, seules survivances de l'ère Kadhafi. Ils ont vu juste. La population a montré une certaine solidarité avec le dirigeant déchu, ce qui a accentué la colère des assiégeants.
De plus, les derniers carrés de fidèles de Kadhafi ont fait preuve d'une capacité de résistance étonnante, s'appuyant sur un professionnalisme évident. Et au moment où le CNT annonçait la prise imminente de la ville, affirmant que les forces de Kadhafi ne contrôlaient plus que deux pâtés de maisons, celles-ci ont lancé une contre-attaque, repoussant au loin les forces du CNT. Cela signifie que l'agonie va encore durer : plus les uns résistent, plus les autres s'acharnent.
Et plus les jours passent, plus le drame prend de l'ampleur, plus le symbole devient puissant. Pour Kadhafi et les siens, c'est une question de survie et un symbole de la résistance contre des forces qui ont pris le pouvoir grâce aux avions de l'OTAN. Le guide libyen se voit bien en un nouveau Omar El-Mokhtar combattant une invasion étrangère.
Pour le CNT, Syrte est le berceau de l'ancien pouvoir. A ce titre, elle doit payer. Le prix sera d'autant plus élevé que la résistance aura été rude. Et le temps qui passe n'arrange pas les choses. Le CNT en a fait le symbole : il attend de conquérir cette ville pour proclamer officiellement la «libération» totale du pays».
Alors, quand Syrte résiste, les éléments du CNT s'acharnent. De manière méthodique, ils détruisent la ville, pour tenter de la prendre avec un minimum de pertes dans leurs rangs. Bombardements aveugles, tirs d'artillerie dans des zones urbaines, destruction systématique de constructions pouvant abriter des éléments pro-Kadhafi, etc. Le schéma est connu, comme est connue la traditionnelle propagande qui accompagne ce genre d'opération : ce sont les assiégés qui sont fautifs, car ils refusent de se rendre ; de plus, ils utilisent les civils comme otages, et mènent de terribles opérations de représailles contre ceux qui ne leur sont pas soumis.
Ce discours ne peut cependant occulter la réalité qui commence à percer à travers trois voies différentes. Il y a d'abord eu quelques ONG, puis le CICR, qui a fait état d'une situation désespérée des civils à Syrte. Les bombardements opérés par les troupes du CNT ont provoqué d'immenses dégâts, selon des délégués du CICR qui font état d'un exode massif de populations: la ville a perdu un à deux tiers de ses 100.000 habitants.
Ensuite, sont venus des témoignages, encore rares, de personnes ayant fui la ville ou y ayant séjourné. Elles décrivent l'horreur du siège de la ville au quotidien, avec un hôpital dont le toit de la salle d'opération s'est effondré, des blessés restés sans soins parce qu'il n'y a ni médicaments ni personnel. Enfin, il y a ces vidéos qui montrent une ville en ruine, avec des pâtés de maisons entiers détruits par les bombardements et les flammes.
Pour l'heure, toutefois, ces informations n'ont pas eu d'effet significatif sur les humanistes de l'OTAN et sur les faiseurs d'opinion. Nicolas Sarkozy, ses philosophes, son ami David Cameron, les commandants de l'OTAN et Al-Jazeera ne sont pas au courant que Syrte est réduite à des ruines. Cette situation se poursuivra tant que restera en vigueur cette fetwa occidentale : les insurgés du CNT sont les «bons», et les forces favorables à Kadhafi constituent les «méchants» du scénario libyen. Ce qui se passe à Syrte fait donc des victimes parmi les méchants. Après tout, c'est une guerre qui se déroule en Libye, avec ses horreurs. Il sera toujours temps de faire les comptes quand la guerre sera finie. Au pire, les pays occidentaux pourront dire que les horreurs ont été commises par des Libyens contre des Libyens. La morale occidentale sera sauve.
Il ne restera plus qu'à gérer les suites du drame qui se joue aujourd'hui à Syrte : des ruines, des destructions, des blessures, mais aussi des mythes qui vont se créer, des armes qui vont être distribuées, des haines qui vont s'accumuler. Et quand les avions de l'OTAN se seront retirés, les Occidentaux hériteront du pétrole libyen, pendant que les pays du Sud hériteront d'Al-Qaïda. Et du symbole de Syrte : les Américains ont détruit Falloudja pour briser la résistance irakienne ; ils ont créé une ville martyre. Dans quelques années, Syrte risque, à son tour, de devenir un lieu de pèlerinage.


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