Les internautes ne sont pas rassurés. En dépit de l'annonce faite hier par Algérie Télécom qui a décidé de rétablir la connexion du service Internet au profit de l'EEPAD tout en établissant un échéancier de payement des créances avant la date du 26 mai 2009, plusieurs abonnés du provider privé font part de leur angoisse et de leur appréhension quant au devenir de leur connexion internet à la lumière de ce conflit qui n'en finit pas de rebondir. «C'est inacceptable ! On nous fait payer une situation qui nous ne concerne même pas. Nous avons été privés de connexion pendant 3 jours. Pourtant, nous n'avons jamais cessé de payer notre abonnement. Qui va nous dédommager ? Qui va nous assurer au cas où il y aura d'autres coupures ?», s'interrogent un groupe de jeunes étudiants de la fac centrale visiblement très en colère contre EEPAD et Algérie Télécom, les deux parties prenantes d'un conflit qui les a pris en otage. «Chaque abonné paie mensuellement 2 500 DA pour un débit d'un méga. D'autres encore ont payé cash un abonnement de six mois [15 000 DA] en plus du modem, dont les prix varient selon les marques. C'est vous dire que la connexion Internet c'est tout un investissement dans notre pays. Malheureusement, la qualité des services n'a jamais été à la hauteur des attentes. Souvent, le débit pour lequel on paie est faible et lent. Il suffit d'une petite pluie pour que des coupures et des déconnexions surviennent. Et le rétablissement de la connexion peut accuser beaucoup de retard. Honnêtement, je me sens chaque jour arnaqué», confie tout de go Nacim, architecte, un citoyen dépité qui utilise internet dans un but professionnel. A ce propos, force est de constater qu'il n'est guère le seul à se plaindre du manque de professionnalisme des fournisseurs de services Internet. «Moi, j'ai ras-le-bol des providers et de leurs services piteux. Je possède un cybercafé qui nourrit toute ma famille. Les coupures et les problèmes de déconnexion m'ont fait perdre beaucoup d'argent. Alors que je paie rubis sur l'ongle l'abonnement Internet et les autres factures inhérentes à mon activité. Sincèrement, j'ai bien peur de mettre la clé sous le paillasson dans les prochains jours», confie avec beaucoup d'amertume Khaled, gérant d'un cybercafé situé à Birkhadem, qui fait partie des 160 cybercafés touchés ces derniers jours par les déconnexions d'Algérie Télécom sur tout le parc d'abonnés de l'EEPAD, lequel est accusé de ne pas avoir honoré ses créances. Cet épisode est venu semer le désarroi parmi les internautes algériens. Des internautes qui s'inquiètent sérieusement de l'évolution «problématique» en Algérie. C'est ce qui explique, relèvent les experts des nouvelles technologies numériques, que l'Algérie accuse beaucoup de retard par rapport à ses voisins et à d'autres pays. Pour preuve, notre pays compte à peine 200 000 abonnés à l'ADSL contre 2 millions en Tunisie. Concernant les sites, l'Algérie en compte seulement quelque 7 000 contre plus de 16 000 en Tunisie, 28 millions aux USA, 12 millions en Allemagne et 25 millions en Angleterre. Autre symbole de ce retard qui pénalise le développement numérique et technologique du pays, l'ancien ministre de la Poste et des Télécommunications, Boudjemaa Haïchour avait annoncé, à maintes reprises, que l'ensemble des communes d'Algérie disposera de connexion Internet à haut débit (ADSL) avant la fin du premier trimestre 2008. Objectif qui ne sera jamais atteint puisque, aujourd'hui, bon nombre de communes ne sont pas encore reliées au réseau de fibre optique. Se contentant seulement de baisser les prix des abonnements pour démocratiser l'accès à Internet, les pouvoirs publics sont passés à côté de la principale revendication de la majorité écrasante des abonnés et des internautes algériens. Et pour cause, ces derniers ne demandent qu'une chose : beaucoup plus de débit. Un débit meilleur permettra à tout internaute de créer du contenu. «Avec un débit meilleur, chacun pourra créer son blog sans trop galérer, chacun pourra s'exprimer à travers une web-radio hébergée chez lui», explique un internaute chevronné qui a bien peur que le conflit opposant l'EEPAD à Algérie Télécom ne porte préjudice au développement de la Toile made in DZ.