Attendu plus d'une fois comme l'acteur phare de l'ouverture du marché des Télécom en Algérie, le géant français a loupé plusieurs rendez-vous qui l'ont rendu fort prudent au sujet de ses engagements en Algérie. Prudent mais pas sans ambitions. Ici quelques éléments du nouveau positionnement de France Télécom. Si un jour France Télécom décide d'un grand engagement capitalistique en Algérie, il y a peu de chance qu'elle en confie l'annonce médiatique à son directeur de la stratégie à l'international, Michel Mouzani, tant celui-ci a fait preuve de prudence dans ses propos au sujet des intentions du géant français des télécommunications, lors de son passage au salon professionnel Med IT tenu à Alger la semaine dernière. Les chantiers d'un grand investissement dans les technologies de l'information et de la communication (TIC) en Algérie ne sont pourtant pas clos : en tête des opportunités, l'ouverture du capital de Algérie Télécom au menu du gouvernement depuis deux ans et au sujet de laquelle le nom de France Télécom revient régulièrement : " Nous attendons que les choses soient plus claires à ce sujet, et nous jugerons de l'opportunité. Concrètement, l'ouverture du capital de Algérie Télécom n'est pas encore sur la table ". M. Michel Mouzani s'est abstenu de commenter les dernières évolutions du marché des télécommunications en Algérie au sens où elles auraient rendu moins attractif un investissement de son groupe dans Algérie Télécom. " Le marché est toujours en plein transformation et nous observons cette évolution de très près ". Un positionnement sur l'amont technologique Faudra-t-il en conclure que les ambitions de France Télécom en Algérie ont été redimensionnées à la baisse après la perte de la seconde et de la troisième licence de GSM en Algérie par Orange, la filiale mobile de France Télécom, puis l'entrée d'un nouvel opérateur, Lacom, sur la téléphonie fixe. Si M. Michel Mouzani dément qu'il soit " déjà trop tard " pour engager une grande manoeuvre sur le marché algérien, il faut être très attentif pour déceler une détermination à faire vivre l'idée dun engagement spectaculaire, plusieurs fois envisagée par le récent passé notamment avec les soumissions de Orange pour les licences GSM. Tout est en train de changer donc sur le marché algérien mais il serait faux de croire, selon M. Mouzani, que France Télécom n'est pas un acteur de cette mutation : " Nous avons fait plusieurs dizaines de millions d'euros en contrats cumulés avec notre filiale Sofrecom Algérie ". Le salon Med IT a été d'ailleurs l'occasion de rendre un peu plus visible en Algérie l'activité Sofrecom spécialiste dans les systèmes d'informations, intégrés conseils et solutions. Les activités de Sofrecom Algérie - créée en 2001- ne sont-elles qu'une activité " d'attente " en vue d'une implantation directe du groupe ? Peut-être pas à y regarder de plus près. Sofrecom Algérie gagne de l'argent là où le troisième opérateur de téléphonie mobile, Nedjma, en perd encore. Les clients de Sofrecom Algérie sont peu banales et rendent compte d'une option " amont-technologique " de laquelle pourrait se contenter France Télécom en Algérie pour l'heure. " Il y a vingt ressources humaines en Algérie pour Sofrecom mais il faut bien comprendre que lorsqu'un marché est conclut avec Sonatrach pour son réseau de communication par exemple, c'est toute la structure de Sofrecom France qui est mise à contribution pour répondre à la demande ", précise Michel Mouzani, qui retrouve une certaine éloquence lorsqu'il s'agit de faire l'éloge de l'activité de la filiale " high-tech " de son groupe. Sofrecom Algérie a accompagné Mobilis , la filiale de téléphonie mobile de Algérie Télécom dans " le lancement commercial de son offre " ; elle a mis en place chez Algérie Télécom un logiciel maison considéré comme la clé du système d'information de l'opérateur historique algérien. En outre la filiale algérienne de Sofrecom assiste l'opérateur privé Mobilink dans le lancement de son réseau Oria de publiphonie à travers le territoire national. Et si la "live box" passait par là ? En réalité et en dépit de la réserve - " l'avenir nous le dira ", a-t-il répété au sujet de France Télécom en Algérie de son directeur de stratégie à l'international, le tissage d'un partenariat de service avec les opérateurs téléphoniques algériens fait de France Télécom un acteur qui peut devenir à tout moment majeur dans son secteur dans les années qui viennent. Par le truchement de quelle opportunité ? Peut-être celle qu'offre clairement aujourd'hui le retard pris par lAlgérie dans la communication multimédia. M. Mouzani a bien noté que le premier opérateur de téléphonie mobile en Algérie, Djezzy n'offre pas à ses clients de services multimédias. Or la prochaine transformation du marché algérien est une montée en gamme qui devrait faire du transport de données sons et images une activité pleine et entière dans la téléphonie. Au stand France Télécom du salon la solution est toute prête et l'ingénieur au poste est heureux d'en faire la démonstration. " Ceci est la live box ", le terminal à haut débit qui a chamboulé la vie de millions de foyers en France, " il s'en vend dix mille par jour ". Le principe est connu : le haut et le très haut débit permettent de faire parvenir à un client une série quasi infinie de services numériques (télévision, internet, messageries, ect.) et de rendre négligeable la facture téléphonique classique " car l'opérateur se fait payer sur les autres prestations". Que manque-t-il à l'Algérie pour accéder au terminal haut débit pour abonnés ? " Rien . Si nous lançons un partenariat, disons avec Algérie Télécom, nous pouvons livrer les foyers algériens qui ont un accès à l'ADSL. Comme nous sommes en plus présent en Europe en tant qu'opérateur de téléphonie, nous pouvons par exemple développer une tarification des appels des Algériens vers leurs compatriotes résidant en Europe proche du dinar symbolique ". Voilà un argument de vente fulgurant qui - peut sans crier gare - changer la donne du marché des télécommunications en Algérie. Les nouvelles ambitions de France Télécom en Algérie sont à chercher de ce côté là.