Les récentes et fortes chutes de pluies enregistrées au début de cet automne, jugées plus que favorables et bénéfiques pour les terres arides des hauts plateaux, sont le signe précurseur d'une bonne et excellente année pour ces milliers d'éleveurs et des céréaliculteurs qui ont d'ores et déjà mis l'araire derrière les bœufs en veillant à bien serrer l'attelage pour ceux qui n'ont pas les moyens de louer un tracteur et entamer l'emblavement des terres de leurs aïeux. Les sols sont gorgés d'eau, le taux de pluviométrie a atteint son niveau le plus élevé en moins d'une journée, soit plus de 70 mm, soit plus que la moyenne annuelle. Les céréaliculteurs se frottent les mains et sonnent déjà l'hallali. Aucun pouce de terre fertile ne sera laissé en jachère cette saison et l'on compte, selon Mr Cheikh Louakel, chef de service, chargé de la restauration des terres auprès de la direction des services agricoles de la wilaya d'El-Bayadh, atteindre l'objectif fixé de 8.330 hectares de terres qui seront emblavées cette saison. Des surfaces agricoles utiles éparses, détenues par des céréaliculteurs plus soucieux de délimiter leurs terrains de parcours que de se lancer dans une aventure trop onéreuse, pourtant le ciel a été très généreux cette saison et les terres, réputées pour ses truffières, déjà emblavées sont très prometteuses puisque constituées de sols très riches. Il y a à peine une semaine, nous avons assisté aux premières opérations de labours semailles dans la région de Ben-Djerad. Une véritable fourmilière en pleine activité. D'un côté un ballet de charrues tractées qui croisent des attelages de bêtes de trait et de l'autre, tout un essaim de semeurs, au geste auguste, qui vont, viennent, lancent à poignées la graine au loin. La steppe a changé de visage depuis que la mécanisation des outils de travail est entrée dans les mœurs des petits fellahs. L'opération labours semailles, est nous dit-on auprès de la D.S.A, soumise à une réglementation stricte en matière d'exploitation des terres, car il s'agit en priorité de sauvegarder les terrains de parcours et les nappes alfatières mises en défens et c'est tout un système écologique à préserver et pour se faire, la contribution de la direction des forêts et celle de l'environnement sont plus que capitales dans la mesure où l'on signale de temps à autre des dépassements dans l'utilisation abusive des espaces retenus pour des projets de boisement. Une réglementation de l'exploitation des terres qui sous entend naturellement une interdiction des labours et celle-ci n'est d'ailleurs que rarement respectée par les éleveurs. Un arrêté de wilaya promulgué en 2000 et fixant les modalités pratiques des labours en milieu steppique, bien que pénalisant les céréaliculteurs de la région nord de Bordj El Mey, continue encore de susciter la polémique au sein du monde rural. Les terres agricoles se réduisent telle une peau de chagrin à l'intérieur du territoire de la wilaya, contrairement à celles plus au Sud qui offre pas moins de 1000 hectares de terres fertiles et alluvionnaires, notamment la région de Dhayet El-Bagra, située à 24 kilomètres au sud de Brezina. Des terres qui attendent depuis 2002, date de la mise en service du réseau d'irrigation à partir du barrage de Larouya, des bras vigoureux et des vrais fellahs décidés à promouvoir la production agricole, lorsqu'on sait que ces terres qui sont laissées en jachère chaque année à cause de querelles de clocher entre personnes influentes de la région, produisaient plus de 60 quintaux de céréales à l'hectare, de quoi assurer à la wilaya son approvisionnement en blé pour toute une année ainsi que ses besoins en semences. Des terres agricoles qui méritent plus d'attention et qui s'étendent à perte de vue et qui se confondent à l'horizon avec le ciel et seuls de sérieux investisseurs pourront les sauver de la désertification et de l'avancée du sable.