Dans une intervention à la radio nationale, le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (CNCPPDH), Me Farouk Ksentini, a estimé que «pour donner plus de sérieux» aux textes en préparation, le législateur devrait élargir ses consultations aux personnes concernées par ces projets de loi. Me Ksentini rejoint ainsi les critiques des députés concernant certains textes de loi en débat à l'APN et au Sénat. Prenant l'exemple du code de l'information qu'il qualifie d'«avancée», le président de la CNCPPDH a appelé à associer encore plus les journalistes à la rédaction de ce texte afin qu'il ne suscite pas la même réaction que le statut des avocats «qui aurait dû être élaboré en concertation avec ces derniers», a-t-il ajouté. Me Ksentini a rappelé que les avocats ont vivement protesté contre le projet de loi les concernant et ont réclamé son retrait. Par ailleurs, le président du CNCPPDH a indiqué avoir évoqué les réformes politiques dans le rapport que remettra son institution au président de la République d'ici février 2012. Il sera question dans ledit rapport, comme dans les précédents, des questions liées aux libertés individuelles, la justice, le code de la famille, les droits sociaux, la démocratie, la situation des établissements de détention et l'application des dernières directives du président de la République «visant à enraciner la démocratie», a relevé Me Ksentini. A propos du Code de la famille, Ksentini estime que cette loi doit être fondamentalement revue, estimant qu'il n'existe «aucune justification pour que ce texte réserve à la femme algérienne un statut inférieur». La révision du Code de la famille devrait se faire, a ajouté Ksentini, en concertation avec les femmes et les représentants des associations féminines. Pour le président de la CNCPPD, des progrès sont constatés en matière de droits de l'homme, mais il reste des «insuffisances» notamment dans la satisfaction des droits sociaux comme la lutte contre le chômage des jeunes, la crise du logement et la santé qui connaît «des retards considérables», a-t-il dit. Interrogé sur la situation des personnes handicapées, Ksentini juge «moderne et satisfaisante» la législation les concernant, relevant, toutefois, que son application demeure «insuffisante, parfois pour des «raisons bureaucratiques ou de manque de savoir-faire, voire de négligence». Sur le même sujet, il a également regretté que les handicapés ne bénéficient pas encore complètement de leur quota d'embauche imposée par la loi. Sur la question de la peine de mort, Ksentini a réitéré la demande de son abolition et de son remplacement par une peine d'emprisonnement de longue durée. Concernant la pratique des cultes autres que musulman, l'avocat a plaidé pour le respect de toutes les convictions religieuses, tout en insistant sur la nécessité du respect de la réglementation en vigueur. «Ne faisons pas en Algérie ce que nous reprochons à l'Europe de faire contre la religion musulmane à qui il est apporté des entraves injustes et injustifiables», a déclaré Ksentini.