L'Open Data ou données ouvertes, l'informatique mobile et l'informatique dans les nuages ou Cloud Computing constituent, au niveau mondial, avec la déferlante des tablettes, le virage majeur dans les technologies de l'information et de la communication (TIC). Les grandes métropoles du monde telles que Londres, New York et récemment Montréal se sont mises à l'ère des données ouvertes ou Open Data. La France s'y est mise récemment en lançant un portail interministériel de partage des données publiques. Qu'est-ce que l'Open Data ? C'est la mise à la disposition de tous les internautes de données officielles sectorielles dépouillées de tout commentaire ou analyse. Ainsi, les chercheurs, étudiants et autres scientifiques, mais également des journalistes, des hommes politiques ou tout autre intervenant dans la sphère publique n'auront plus à devoir s'adresser à des dizaines de sources potentielles parmi les administrations publiques, ni à piocher dans les labyrinthes de l'information virtuelle (sites Web des institutions) pour recueillir des données dont ils ont besoin pour leurs travaux. Toutes les informations produites dans les institutions publiques (ministères et autres) et les organismes qui leur sont liés est regroupée au sein d'un même site Web accessible aussi bien aux spécialistes qu'au grand public. La plus récente mise en ligne de ce genre de sources de données ouvertes a été expérimentée en France avec le site «data.gouv.fr» qui met à disposition plus de 352.200 données issues de 90 sources publiques. Il s'agit de «données brutes, en grande quantité, accessibles et disponibles en ligne et gratuites». Parmi les producteurs de ces données, figurent en première ligne des ministères comme celui de l'Education, de l'Enseignement supérieur, de l'Agriculture et des Collectivités locales, mais également des organismes liés aux départements ministériels. Le but de la mise en ligne d'informations publiques c'est pour en faire «un vecteur d'innovation et de croissance», souligne la plateforme «data.gouv.fr». En France on prend justement exemple de ce qui a été réalisé en Grande-Bretagne ou aux Etats-Unis dans ce segment. «A l'étranger, en particulier en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis, l'Open Data a donné naissance à de nombreux services à forte valeur ajoutée pour le citoyen et la gestion de l'espace public. Le site Where My Money Goes.org («Où va mon argent») permet ainsi de visualiser la répartition des dépenses publiques et d'explorer très simplement l'usage qui est fait des impôts de chacun», explique-t-on sur le site «data.gouv.fr» qui est encore en version béta. La grande disparité de l'Open Data au Maghreb Le Maroc, toujours en avance sur les autres pays du Maghreb dans le domaine des TIC, a lancé son initiative Open Data. Quant à la Tunisie, sa révolution politique a boosté ses applications, mot à prendre dans le sens des opportunités commerciales et économiques, dans les TIC. La Mauritanie a eu son portail de données ouvertes grâce à un projet financé par la Banque mondiale. L'Algérie n'a encore rien réalisé dans ce segment. En Afrique, le leader incontesté dans l'ouverture de ses données officielles est le Kenya. Et pourtant l'Open Data peut permettre de sérieuses opportunités économiques, de création d'emploi et de créativité technologique. Mettre les données officielles en mode ouvert génère des emplois dans le développement des softwares et applicatifs dans une concurrence effrénée dans la qualité et la rapidité. Les retombées économiques sont déjà visibles dans les grandes métropoles citées en exemple. Elles sont mesurées par le nombre d'études produites par des universitaires quel que soit leur statut : professeurs, chercheurs ou étudiants. Si les études réalisées par des bureaux d'études nationaux et internationaux sont très coutantes, la production universitaire locale a le double avantage d'être gratuite et de permettre la contribution d'un plus grand nombre d'intervenants (en plus du fait qu'elle participe à élever encore plus le niveau). Couplée à la mise à disposition de données publiques pluridisciplinaires, dans le cadre de l'Open Data, elle permettra de tirer profit de la production d'information par des pans entiers de départements ministériels. Les données ouvertes combinées avec l'informatique mobile, à l'image des laboratoires ambulants de collecte de sang, sont un segment économique non négligeable. L'inclusion des communautés scientifiques dans les plans «e-gouvernance» des pays du Maghreb permettra certainement de réduire drastiquement la facture de leur réalisation. A titre d'exemple, la mise en données ouvertes du «Plan vert» avec son volet développement durable, des coûts de réalisation du métro d'Alger ou des différents projets de Tramway, réalisés ou en cours de réalisation, permettront à des universitaires algériens dans les questions environnementales, d'ici ou d'ailleurs, de réaliser des études portant sur les économies en émission en gaz à effet de serre (GES) réalisées dans ces projets et leur possible vente sur les marchés volontaires de carbone en Europe ou aux Etats-Unis tel le Chicago Carbone eXchange (CCX). Ce qui permettrait, au moins, de réduire le prix du ticket de métro jugé exorbitant. En plus de ces aspects économiques, financiers et académiques, l'Open Data servira la démocratie, la transparence et, surtout, de connaître qui parmi les départements ministériels, des institutions et des organismes publics, sèche sur la production de données.