Comment réformer et ouvrir à la démocratie le système politique algérien sans risque que l'opération ne débouche sur son effondrement, telle a été l'équation qui s'est posée au pouvoir et qu'il pense avoir résolu par les réformes dont il a eu l'initiative. Il peut sembler, au vu de l'absence de manifestations violentes notables de rejet de ces réformes, qu'il a atteint son objectif : avoir satisfait la demande de démocratisation ayant émané sous diverses expressions de cette société, tout en préservant les fondamentaux du système. Le climat politique et social relativement apaisé dans lequel le pays baigne, après que les citoyens ont eu connaissance des réformes initiées par le pouvoir, ne signifie pas que la majorité des Algériens est satisfaite par elles. Ce qu'ils en pensent, les Algériens l'exprimeront sans nul doute aucun par le comportement qu'ils adopteront en tant qu'électeurs à l'occasion du prochain scrutin des législatives, appelé à se dérouler aux normes électorales prescrites par les réformes politiques introduites. Pour connaître l'opinion intime des Algériens, le paramètre le plus révélateur est dans l'observation de leur comportement lors des échéances électorales. Ses frustrations, son mécontentement, le peuple algérien les a toujours exprimés en désertant les urnes en ces circonstances, faute d'autres voies dans un système autoritaire et répressif. S'il est satisfait du contenu des réformes faites par le pouvoir, ce peuple devrait normalement le faire savoir en se rendant massivement aux urnes pour le prochain scrutin. Façon pour lui de plébisciter le processus des réformes engagé et conduit par le pouvoir. Si, par contre, l'abstention électorale se révèle aussi ample qu'elle fut dans les précédents scrutins, alors cela équivaudra à la manifestation pacifique mais sans équivoque de l'insatisfaction citoyenne à l'égard des réformes concédées. Le pouvoir est parfaitement conscient que la crédibilité de son processus des réformes se mesurera au taux de la participation populaire au prochain scrutin, bien plus que par les résultats et scores qui sortiront des urnes. Il ne sera pas étonnant que le pouvoir engage une campagne de sensibilisation de l'électorat à accomplir les droit et devoir citoyens de vote. Bien plus insistante et pressante que celles qu'il a coutume de mener à la veille de chaque échéance électorale. Cette fois, l'enjeu est crucial pour lui, ne serait-ce que parce qu'un taux d'abstention élevé ruinerait le capital d'a priori positifs sur son processus de réformes qu'il a su soutirer aux puissances occidentales ayant fait pression sur lui pour qu'il prenne en considération la demande du changement démocratique formulée par la société algérienne. Quelle que soit la cuisine électorale qui sortira des urnes spectaculairement désertées par trop d'électeurs, elle sera incontestablement entachée d'illégitimité populaire et ses bénéficiaires récusés en tant que représentation nationale et exprimant la volonté de la majorité des citoyens. Un cas de figure qui confirmera par conséquent que pour la société algérienne, les réformes pratiquées par le pouvoir ne sont pas celles qu'elle demande et en est en attente. Autant dire que la crise politique ne sera pas réglée et que l'Algérie n'en aura pas fini avec les incertitudes et les risques qu'elle comporte.