Finalement, le président de la République a décidé de différer l'adoption des avant-projets de loi sur les partis, les associations et l'information à septembre. Il aurait été plus judicieux de les adopter après la révision de la Constitution. L'actuelle APN étant mal élue et sa représentativité est discutable. Donc, lui soumettre des projets de loi devant régir la vie politique, associative et médiatique du pays, serait malvenu. C'est à ce titre que cette échéance est non seulement logique mais d'une portée politique indéniable. Bouteflika, qui a initié ce processus de réforme, aurait pu rassurer la classe politique et la société, d'autant plus qu'il estime, en filigrane de ses déclarations, que l'urgence est dans l'élaboration du code électoral devant encadrer l'élection de la prochaine Assemblée nationale en levant tous les verrous qui entretenaient le doute sur la crédibilité du processus électoral et, par extension, sur la légitimité et la représentativité de l'APN. A ce propos, le président de la République a précisé que «les dispositions proposées dans le projet de loi organique relatif au régime électoral permettront à l'avenir, à tout observateur national ou étranger, de témoigner de l'importance du dispositif de supervision et de surveillance des scrutins avec la participation active des candidats aux élections. J'espère que tout cela mettra fin au doute sur la transparence des prochaines élections, ou sur la possibilité d'une alternance au pouvoir par la voie des urnes, chaque fois que le peuple souverain le décidera», Ainsi, Bouteflika veut aussi lever tous les doutes quant à son intention non seulement d'aller jusqu'au bout des réformes mais surtout de donner une réelle chance à ce processus de faire le consensus au sein de la classe politique et de la société, d'autant plus qu'il s'agit de mettre en place un cadre organisationnel qui assure le libre exercice des droits politiques des citoyens et garantir une praxis démocratique devant fonder la deuxième république. L'autre message subliminal que le président a tenu à transmettre aux opinions publiques nationale et internationale, concerne les révoltes arabes et les mutations en profondeur qui s'opèrent lentement mais sûrement dans les pays de la région. A ce propos, Bouteflika a déclaré : «L'Algérie est partie prenante aux différentes mutations en cours marquant la communauté internationale, y compris la Nation arabe. Chaque peuple forge souverainement sa propre expérience nationale. En ce qui le concerne, le peuple algérien a su instaurer son propre système politique pluraliste, qu'il a sauvegardé malgré une tragédie nationale douloureuse. Il a su par la suite restaurer la paix et relancer le développement dont nul ne peut contester la réalité, ni occulter les lacunes qui persistent.» Ainsi, Bouteflika inscrit le processus des réformes engagées en Algérie dans la dynamique collective qui bouleverse les ordres établis dans les pays de la région arabe, notamment au Maghreb. A. G.